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Aminata Tounkara est chef d’un projet axé sur les élections à Search for Common Ground une ONG internationale qui à travers une approche collaborative œuvre dans la transformation des conflits en Guinée depuis 2002. Une ONG où elle a gravi plusieurs échelons depuis 2009. Aminata a fait les sciences sociales. Journaliste et communicante de profession, elle a fait ses débuts à la RTG de 2002 à 2009. Interviewée par Hadjiratou Bah elle aborde ici la nécessité de l’implication des femmes pour leur autonomisation et le respect de leurs droits en prélude à la célébration de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2020.
Bonsoir,
Parlez nous un peu de votre expérience professionnelle.
Je suis journaliste communicante de profession. J’ai commencé par la RTG de 2002 à 2009. A l’époque j’étais la nouvelle stagiaire et j’y ait acquis une formation de base qui m’a guidé dans le bon sens et m’a amené à travailler à Search for Common ground comme assistante productrice en 2009. De là jai gravi des échelons, d’assistante productrice je suis venu à productrice, puis chargée de projets medias, ensuite coordinatrice studio Conakry, puis coordinatrice média avec la gestion de nos deux studio Conakry et N’zerekore. Actuellement je suis team leader d’un projet axé sur les élections et qui s’étend jusqu’en 2022.
Durant ce parcours vous êtes vous sentie segréguée ou minimisée en tant que femme?
Durant tout mon parcours je nai pas eut de problème d’intégration ou de ségrégation en tant que femme. J’ai toujours été accueillie et aimée notamment par les personnes âgées expérimentées qui me donnent envie d’aller de l’avant. J’aime recevoir des leçons d’elles. C’est vrai que les problèmes ne manquent pas car quand tu commence à évoluer ya des problèmes de leadership qui se posent mais chacun à sa manière de tirer son épingle du jeu.
En terme d’épanouissement de la femme, quelle différence constatez-vous de votre époque à nos jours de point de vu socio-culturel (coutumes) et économique? ya t’il eu évolution ?
On peut dire qu’il y a eut une petite évolution mais on aurait aimé en avoir plus. Depuis des années les femmes se plaignent de la même chose: autonomisation, représentativité aux instances de prise de décision. On ne voit pas trop d’actions permettant de résoudre ces problèmes. Même si ya des actions elles ne peuvent pas répondre aux attentes de la femme.
Concrètement que voudriez vous?
Les femmes doivent être plus solidaires sinon quoi qu’on fasse ça ne marchera pas. Il faut aussi des projets concrets qui leurs permettent de quitter d’un point A pour un point B. Aujourd’hui à l’intérieur du pays surtout, ya des ONG qui aident les femmes. Tant que ya un financement elles sont actives mais dès que ce dernier fini les femmes se dispersent. Souvent c’est à cause de cet argent qu’il ya conflit ou dislocation du groupe. Ya un partage qui n’est pas équitable ou non accès au fonds alloué.
Les femmes ne doivent-elles pas se remettre en cause en étant compétentes et compétitives?
Je l’ai toujours dit les femmes manquent d’audace. De façon pratique les femmes ne saisissent pas l’opportunité qui se présente. Elles doivent accepter de donner leur avis au moment où il le faut pour défendre leurs droits et participer de façon active au développement de notre nation. Les hommes ne peuvent pas jouer leur rôle à leur absence. Quand vous regardez nos lois ya beaucoup de choses qui sont prévues pour les femmes peut-être ce qui pourrait manquer c’est leur application par endroit. Nous pouvons faire respecter nos droits, il ne faut pas attendre que ça vienne toujours de l’État.
Justement le thème 2020 de la journée internationale des droits de la femme s’intitule « je suis de la Génération Égalité: levez-vous pour les droits des femmes. Que faut il concrètement pour que cette égalité soit réellement appliquée?
Moi j’ai un problème avec les différents thèmes donnés depuis un certain nombre d’années au niveau mondial. Il faut donner un thème qui peut répondre aux attentes des femmes car je suppose que la célébration du 8 mars doit nous permettre de résoudre un certain nombre de problèmes que nous avons. Sinon nous aurons beau danser et chanter nous seront là chaque année à évoquer les mêmes difficultés et c’est ce qu’il faut éviter. Chaque pays a ses réalités donc il doit y avoir un sous-thème national reflétant ces réalités. Pour moi ya un prélable avant de parler d’égalité, il faut d’abord chercher à faire respecter nos droits. Par exemple aujourd’hui la femme rurale n’a pas accès à l’eau, à des soins adéquats. Elle continue à mourrir en accouchant. Elle se lève tôt et se couche-tard car il faut qu’elle travaille très dur pour avoir son quotidien. Un bon nombre de femmes aujourd’hui soutien sa famille. Ces quelques éléments montrent l’importance de l’appuyer et la rendre autonome. C’est vrai que rendre une personne autonome est très complexe mais ya des éléments qui peuvent l’aider à aller de l’avant et surmonter certaines difficultés.
A la place des uniformes et réjouissances diverses le 8 mars ne devrait il pas servir à faire des sensibilisations sur les problèmes des guinéennes, des ateliers…..?
Voilà une question qui nous amène à parler de notre contexte. Jusqu’en 2021 nous serons dans les élections et les femmes doivent participer à ce procesus. . Elles devaient se battre aujourd’hui pour atteindre les 50/50 de leur représentativité aux législatives en faisant des plaidoyers. Elles ne se retrouvent donc pas dans ce thème international. J’inviterai les autorités à y réfléchir pour que les prochaines fêtes du 8 mars répondent aux attentes des femmes et qu’il y ait des actions concrètes dès après la fête
Quel message avez vous à l’endroit des femmes?
D’être très audacieuses et de faire respecter leurs droits. Nous sommes à plus de 52 % de la population ce qui n’est pas rien, il faut qu’on marque notre présence qu’on soit femme rurale ou urbaine.
Pour faire respecter ses droits la femme doit d’abord les connaître.
Il ya eu assez de sensibilisations en ce sens à l’intérieur du pays par des ONG comme Search for Common ground, CONNAG- DCF, etc On ne pourra pas mettre main sur tout le monde mais aujourd’hui près de 80 à 90 % des femmes de l’intérieur du pays connaissent leurs droits c’est l’application qui manque. C’est à ce niveau où s’imposent les pesanteurs socio-culturelles qui freinent par endroit cette demande des femmes à faire respecter leurs droits. Ya des hommes qui pensent que la femme ne doit pas faire certaines choses, qu’elle doit rester derrière l’homme alors qu’elle peut aussi prendre les devants. Ce n’est pas parce qu’une femme est épanouie, qu’elle jouit de tous ses droits qu’elle ne va pas respecter son mari.
merci