Tunisie : Quand l’élevage camelin se conjugue au féminin
Par Marwa Dellagi
Tunis (dpa) – À Benguerdane, aux portes du désert tunisien, la jeune Imen Rezgui a réussi à prouver à la population locale plutôt conservatrice que l’élevage camelin n’est pas forcément une affaire d’hommes. À 31 ans, cette enfant du désert a réussi le pari de devenir la première éleveuse de dromadaires, non seulement en Tunisie, mais dans toute l’Afrique du nord, selon le Fonds international de développement agricole (FIDA).
Chez elle à Benguerdane, une petite ville située dans l’extrême sud-est tunisien, aux portes du désert, où l’élevage des dromadaires est resté longtemps l’apanage des hommes, Imen est parvenue à bousculer la tradition et faire évoluer les mentalités conservatrices, a-t-on indiqué de même source. Elle a prouvé avec force et courage qu’être une femme n’est en aucun cas un frein pour exercer un métier accaparé, jusque-là, par la gent masculine.
Du chômage au propre projet
C’est en 2019 que tout bascule dans la vie de cette ingénieure agroéconomiste, qui était encore au chômage. Contrainte de trouver rapidement un emploi pour subvenir aux besoins de ses frères et sœurs plongés dans la précarité, suite au décès de leur père, Imen décide de monter un projet sur l’engraissement des chamelons. Elle rejoint, dès lors, l’initiative Fonds d’appui aux porteurs des projets, financée dans le cadre du projet PRODEFIL soutenu conjointement par le FIDA et l’Union européenne (UE).
Ciblant essentiellement les femmes, les jeunes diplômés et les organisations professionnelles, ce projet a pour objectif de renforcer la résilience des systèmes agropastoraux tunisiens et de générer des postes d’emploi pour les jeunes de la région. Grâce au fonds d’appui, outre un prêt contracté auprès du groupement de développement agricole relevant de sa région, Imen est parvenue à mettre son projet sur les rails.
Meilleure agricultrice de la région
Après seulement six semaines du lancement de son projet, les dromadaires d’Imen, qui pesaient au départ 85 à 120 kg, avaient atteint un poids de 150 à 300 kg, ce qui lui a permis de les vendre facilement et à un très bon prix. Avec ses gains, la jeune femme investit dans d’autres chamelons afin de lancer une deuxième bande d’engraissement. Déterminée comme jamais, Imen associe son frère à son projet dans l’objectif de lancer un nouveau cycle d’élevage avec une quarantaine de chamelons et de réhabiliter ses écuries et son équipement.
Militante au sein de l’association des commerçants de Benguerdane, Imen est devenue aujourd’hui un modèle inspirant pour les jeunes de sa région qui rêvent de lui emboiter le pas. Son parcours atypique lui a valu d’être décorée par le ministre de l’Agriculture et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche comme meilleure agricultrice de sa région, en marge de la fête nationale de la femme célébrée le 13 août de chaque année.
Keywords: Agriculture DOSSIER Élevage Femmes Autonomisation Jeunes
Source:dpa. news