Madame Nantou Konate-Chérif est l’un des 5 membres fondateurs du parti politique RPG à Paris quelques années après sa rencontre avec Alpha Condé l’actuel président guinéen en 1962 alors qu’elle y poursuivait ses études de droit. Veuve et mère de deux enfants adoptifs elle est actuellement ministre conseillère chargée de mission à la présidence. Ceci après avoir été coordinatrice nationale du RPG arc en ciel. En séjour dans le Nabaya (Kankan) Oumar Condé correspondant de laguineenne.info l’a rencontré en prélude de la fête internationale des droits des femmes célébrée chaque 8 mars.
Bonjour Madame. Tout d’abord faites nous une brève rétrospective de votre statut matrimonial, cursus scolaire et professionnel.
J’étais mariée à Chérif Cheick qui est décédé en 2015 et dont j’ai ramené le corps à Kankan. Depuis lors je ne suis pas remariée et je ne compte pas me remarier. J’ai deux enfants adoptifs dont l’unique première fille de Chérif qu’il a eut avec sa première femme. C’est quand il a quitté le poste d’ambassadeur en Union Soviétique qu’ils se sont séparés et on s’est marié. Avant son décès il m’a dit Nantou je veux pas que tu change le nom Chérif, c’est pourquoi aujourd’hui tout le monde dit Nantou Chérif. S’agissant des études, j’ai fait le droit mais je n’ai pas continué jusqu’à la licence parce que quand j’ai été en 1961 à Paris c’est mes parents qui payaient mes études notamment ma maman. C’est elle qui mettait l’argent à la Banque Of América à Conakry, qui donnait ma bourse tous les mois. C’est en 1962 que j’ai connu Alpha Condé à Paris dans « l’association des étudiants guinéens en France ». Après toutes les tracasseries Alpha m’a nommé comme ministre d’État, une première pour une femme en Guinée. Après un an Alpha m’a demandé de le remplacer à la tête du parti c’est comme ça que je suis devenue coordonnatrice nationale du RPG arc-en-ciel. Et après il m’a nommé comme ministre conseillère chargé de mission à la présidence, c’est là où je suis actuellement.
Membre fondateur du RPG (rassemblement du peuple de Guinée), parlez nous de vos débuts en politique:
On était 5 à créer le RPG à Paris. il y avait entre autre Bayo Kelefa qui est de Kankan qui est décédé en 1987, Alpha Condé, et moi la seule femme. Après la déclaration du président Lansana Conté pour le multipartisme Alpha m’a envoyé en Guinée pour dire qu’il y a un parti guinéen qui est créé à Paris qui s’appelle le RPG je suis venu en 92 j’ai commencé ma réunion à Siguiri. De Siguiri je suis venu à Kérouané, surtout à Banankoro j’étais dans une voiture 404. La population de Banankoro a prit ma voiture et soulevé de terre et j’étais dedans on dirait qu’elle voulait marcher avec la voiture tellement elle était contente. J’ai fait aussi Kouroussa, le wassoulou à Mandiana et à Kigneran.
Le thème international de la journée du 8 mars 2020 est « Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes. » Selon vous que faut il réellement pour que cet objectif soit atteint?
Je ne peux qu’approuver ça d’abord je suis femme et militante à part entière de la cause des femmes. Ce que la guinéenne peut dire aujourd’hui c’est que Alpha Condé s’est vraiment occupé de la femme. Il a dédié d’abord son 1er mandat aux femmes et aux jeunes, son deuxième mandat il a crée les structures économiques un peu partout pour la femme guinéenne pour qu’elle puisse se prendre en charge plus tard. Il y a les MIFA par exemple où on prête de l’argent à la femme qu’elle rembourse petit à petit et dans la nouvelle constitution le président demande l’égalité entre la femme et homme. Il veut aussi interdire par exemple l’excision et il demande que les jeunes filles se marient pas avant 18 ans parce que à 18 ans elle comprennent les choses. Donc la constitution est vraiment favorable à la femme guinéenne et si elle est votée elle sera la constitution la plus progressive de l’Afrique.
La Guinée a ratifié assez de traités, conventions en faveur des femmes mais leur application fait défaut, pourquoi? quelle piste de solutions proposez vous?
je crois qu’il faut de l’engagement pour appliquer toutes les conventions et pour les enfants et pour les femmes. Je pense qu’on va se battre en tant que femme pour l’application de ces textes là. Par exemple l’excision je me suis beaucoup battue pour cette cause. A cette époque les religieux mettaient un barrage incroyable, ils ne voulaient même pas qu’on en parle et maintenant ils ont donné leur accord, ça c’est une avancée extraordinaire. S’agissant de l’égalité entre hommes et femmes dans le ménage, je sais que ça les hommes n’accepteront pas l’application stricte dans le texte mais on essaiera dans la mesure du possible d’obtenir le maximum.
En tant que femme qu’est ce qui vous a poussé à venir au parlement guinéen? et en quoi avez vous œuvré pour la protection des femmes?
D’abord on a crée un forum des femmes députés de la Guinée au sein duquel on a défendu beaucoup de textes concernant la femme, maintenant l’application correcte de ces textes est à faire. Dernièrement d’ailleurs quand j’étais malade à Paris, les femmes députés de la mouvance présidentielle ont créé une association pour défendre la constitution et m’ont désigné comme leur présidente. Il faut qu’on pousse les partis politiques y compris le RPG a respecter la parité parce même au niveau de l’assemblée ce n’est pas appliqué. La dernière assemblée dont je faisais parti il y avait 25 femmes sur 114 et là dans le nouveau parlement je ne sais pas combien de femmes il y aura surtout que l’opposition n’y est pas.
Deux couches défavorisées ne sont pas représentées à l’Assemblée Nationale notamment les femmes albinos et celles porteuses de handicap. Est ce parce que les partis politiques ne font pas attention à cette couche ou pourquoi ont elles selon vous des problèmes à accéder aux postes de prise de décision ?
Mon souhait est qu’elles soient intégrées même au niveau de l’assemblée. Contrairement à ce qu’on pense il y en a qui on fait de hautes études. Je pense qu’on continuera de se battre pour les reconnaître et les prendre comme des personnes à part entière de la société.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans votre vie positivement et négativement ?
Je me suis battue pour mon pays avec beaucoup de risques, je trouve que ça c’est un acte positif et je sais que les guinéens et même l’opposition reconnaissent cela. Maintenant le négatif c’est les autres qui peuvent juger ça.
Votre message envers les femmes?
Je demande aux femmes guinéennes comme elle l’ont été dans le temps de s’investir un peu plus dans la politique parce que c’est pas une question d’hommes ou de femmes. Quand on s’engage politiquement on s’engage pour son pays et une femme qui s’engage dans la politique rend beaucoup de services à son pays. Il ne faut pas que les femmes se disent ça c’est un domaine réservé pour les hommes.
De Kankan, Oumar Condé pour laguineenne.info