Bien sûr. Ça fait bientôt trois ans que j’ai ouvert ce salon pour montrer à tout le monde qu’on peut faire comme les autres.
Quelles sont les prestations que vous offrez dans ce salon?
coiffure, tresses, soins de visage, pédicure et manucure. Je suis aussi dans le naturel c’est à dire le traitement des Cheveux crépus pour lesquels je fait aussi des bains d’huile au karité. Il ya aussi les locks.
Quand les clientes viennent et trouvent que vous êtes une personne avec handicap rebroussent t’elles chemin ou vous font elles confiance?
Au contraire le fait que je sois handicapée les motive à venir à tout moment. Il ya deux autres salons à proximité du mien mais elles préfèrent venir chez-moi. Elles disent que je suis joviale et pas complexée par mon handicap. Mais au début quand jai ouvert le salon deux dames ont voulu se maquiller. Dès que la première m’a vu elle a dit c’est une personne handicapée qui est là, est que celle-là peut faire quelque chose ? Sa camarade a dit, essayons. Et l’autre a répliqué passe la première on va voir. Après le maquillage elle était contente, elle s’est excusée et m’a encouragé. Dès lors c’est ici seulement qu’elle se coiffe.
Vous sentez vous stigmatisée voir rejetée hors de votre salon?
Non. Chaque fois que je sors, les gens me demandent ce que je fait. Quand je leur parle de mes activités ils m’encouragent.
A quoi est dû votre handicap?
A la poliomyélite à l’âge de 3 – 4 ans. Mais mes parents m’ont scolarisé. J’ai fait l’université et aujourd’hui j’ai ma licence en administration des affaires.
Qu’envisagez-vous pour le futur?
Je souhaite agrandir mon salon et former des filles porteuses de handicap. C’est mon rêve de les voir autonomes et quitter la rue.
Pour vous la mendicité n’est pas une solution ?
Pas du tout. Quelle que soit le type de handicap la personne peut faire quelque chose. Je saisis cette occasion pour les inviter à quitter la rue. La pauvreté n’est pas une excuse pour mendier éternellement sous la pluie ou le soleil. En cas de force majeur tu peux faire la mendicité une ou deux fois pour avoir un petit fonds que tu vas investir dans une activité génératrice de revenus.
Récemment on a assisté à Kindia à la vulgarisation de la loi portant promotion et protection des personnes porteuses d’handicap, avez vous espoir que son application apportera un changement dans vos vies?
Oui. Déjà notre département l’action sociale et sa direction ont mis des rampes d’accès pour les personnes en fauteuil roulant. Il ya aussi eut certains qui ont été employés.
Ce 3 décembre 2019 vous avez célébré la journée mondiale des personnes vivant avec handicap qu’est ce qui vous a marqué?
Nous l’avons bien fêté à la cité de solidarité où un centre d’apprentissage de métiers à été inauguré. Des personnes porteuses de handicap qui évoluent seules ont été appuyés en materiel de travail malgré que la remise n’ait pas eu lieu.
Qu’attendez vous des autorités ?
Tout en remerciant le Chet de l’État et la ministre de l’action sociale qui se battent pour l’épanouissement des personnes handicapées, je les invitent à redoubler d’efforts pour que cette couche vulnérable ait accès aux postes de prise de décision.
Hadjiratou Bah