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Les populations font souvent recours aux travailleurs domestiques pour assurer le ménage, garder les enfants ou veiller sur la maison en général. Mais les droits de ces travailleurs ne sont pas respectés. Ils sont victimes de harcellement physique ou moral sans oublier leur maigre revenu par rapport à un travail parfois harassant. Outre les adultes les enfants sont de plus en plus exploités dans ce domaine. La situation des travailleurs domestiques a -t’elle évoluée en Guinée ? Nous en parlons avec madame Asmaou Doukoure S/G du syndicat des travailleurs domestiques. Cette dame est depuis le 29 avril 2019 DG du Novotel suite à un décret présidentiel.
Bonsoir madame. Présentez nous brièvement le syndicat des travailleurs domestiques.
En Guinée depuis 2011 nous sommes sur le terrain. Nous organisons les travailleurs domesticonvention. Nous essayons de les défendre, les former et les informer. C’est vrai c’est une couche vulnérable, exploitée, qui n’a pas un bon salaire. On la considère comme des travailleurs pauvres alors qu’ils exercent un métier noble. Lors de la centième conférence internationale du travail à Genève le 16 juin 2011, les pays membres de l’OIT ont adopté une convention n° 189 relative aux Travailleurs Domestiques (TD). Depuis lors nous travaillons avec les autorités compétentes pour les protéger
Aujourd’hui quelle est la situation de ces Travailleurs Domestiques TD?
Toujours difficile mais ce qui est positif. Les TD sont reconnus suite à la ratification par la Guinée de la convention 189 ce qui signifie qu’ils méritent le SMIG.
Ce SMIG leur permet il de vivre décemment ?
Pas du tout le SMIG estimé à 440 mille ça n’atteint même pas 50 dollars. Mais la réalité sur le terrain ils n’ont même pas ce SMIG. Il y’a des employeurs qui payent 100 mille, 150 où 300 mille. Il y en a qui exploitent les enfants, les petites filles auxquels on paye en habits usés à la fin du mois sous prétexte qu’ils sont nourris, logés. Ou ils envoient les cent mille francs aux parents des enfants au village.
Que faites vous pour protéger ces enfants tant au niveau des parents que des employeurs ?
Nous sensibilisons à ces deux niveaux: nous disons aux employeurs de ne pas prendre les enfants comme domestiques mais plutôt de leur apprendre un métier ou les envoyer à l’école. Nous disons aux parents généralement complices à ne pas envoyer les enfants dans les grandes villes où ils se retrouvent dans des situations déplorables. Ils sont violés et violentés dans les ménages. Ils sont privés de leur éducation. Ce que les parents ne savent pas. Les employeurs leur ont promis monts et merveilles, alors que nous voyons ce qui se passe dans les quartiers. Nous voyons les petites filles dans les rues vendre des oranges et autres. Ce que nous sommes entrain de faire c’est dénoncer et nous constatons que cet exode d’enfants en ville est entrain de diminuer. Nous avons aussi des numéros ou les victimes où les témoins de maltraitance des TD peuvent nous joindre( +224622194927)
Vu les pesanteurs sociales avez vous une fois interpellé un responsable de famille pour avoir une fois harcelé ou violé une domestique?
Dans notre société ce n’est pas facile. Si une femme violée arrive à en parler elle risque d’être rejetée par la société. Ou bien c’est les parents qui lui demande de se taire. Et ça trouve qu’elles n’ont pas les moyens pour aller devant les juridictions. Cela encourage les violeurs à continuer. Moi si on me demande ce qu’il faut faire, je dirais qu’il faut les castrer. Il faut que ces pervers soient sévèrement punis. Pourtant nous avons tout dans nos textes de loi pour les sanctionner.
Souvent des employeurs se plaignent du comportement des TD, vol, abus de confiance… quelles sont les mesures répressives?
On a dit à toutes celles qu’ont a aidé à avoir un travail qu’on ne défend ni le vol ni le fait de suivre le mari de la patronne. Il faut faire correctement son travail et attendre son salaire uniquement.
Avant de défendre les droits des travailleurs domestiques vous travaillez dans un hôtel de la place.
Oui j’ai commencé à travailler au Novotel Conakry depuis juin 1996. J’ai commencé par être coordinatrice d’accueil…. et fais ma carrière dans l’hôtellerie. C’est là bas que j’ai commencé la syndicalisation où j’y ai fait trois mandats. Nous négociations les droits des travailleurs comme il faut. Par exemple depuis le temps du groupe ACOR a nos jours, ils ont une prise en charge sanitaire à hauteur de 80% pour maladie, 100% en cas d’hospitalisation et si y’a nécessité d’évacuation on le fait.
Avez vous une fois été harcelée. ?
Ça c’est tout le temps (rires). Voyez en 1996 j’étais encore plus jeune et à la réception, tu ne peux pas empêcher les gens de te draguer mais c’est à toi de refuser. Moi ça n’a pas été ma priorité, j’aime beaucoup Mr. Doukouré. Aujourd’hui il y’a des écoles hôtelières mais avant quand une femme travaillait dans un hôtel on la qualifiait de prostituée alors que c’est un métier noble qui ouvre beaucoup de portes, qui te fais rencontrer des personnes de tous les horizons. Je conseille aux filles qui s’orientent vers hôtellerie d’être fort de caractère et aimer son travail. Car dans ce milieu il y’a des hommes qui ont les moyens qui te proposent tout et si tu est faible de caractère tu échoue.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué au cours de votre carrière positivement et négativement.
Positivement c’est la première fois où je suis montée à la tribune des Nations-Unies à Genève pour parler pendant cinq minutes au nom des travailleurs domestiques et hôteliers devant des milliers de personnes. Deuxièmement c’est quand j’ai été élue présidente du réseau africain des travailleurs domestiques à Cap Town (Afrique du sud) en 2013.
Négativement c’est le décès de Evelyne la secrétaire générale des TD du Kenya, une dame très dynamique.
Vous n’avez pas fait l’Université mais aujourd’hui vous faites parti des femmes les poutées, parlez nous un peu de votre parcours.
Je suis née à Labé où j’ai fais mes études pré-universitaires. Puis je suis venue à Conakry dans une école professionnelle (MSIG à l’époque) où j’ai fait le marketing. Je n’ai pas pu aller à l’Université car je me suis mariée. Mais après mes vingt ans, j’ai fais cinq enfants tout en continuant à travailler. J’ai fait un stage dans une société commerciale avant d’être embauchée au Novotel.
Hadjiratou BAH