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Honorable Dr. Djenné Saran Camara est présidente de la commission défense et sécurité au parlement guinéen. Issue du parti politique Rassemblement pour le peuple de Guinée ( RPG),elle se bat pour une meilleure représentativité des femmes sur l’échiquier politique afin que leurs préoccupations soient mieux prises en compte. Pour cela, outre les sensibilisations au niveau de la couche féminine elle oeuvre au sein du forum des femmes parlementaires de Guinée pour l’instauration de la parité à tous les niveaux. Laguineenne.info l’a rencontré ce lundi 4 mars.
Les femmes s’apprêtent à célébrer le 8 mars qui est aussi une occasion pour faire le bilan. Au sein de votre commission que faites vous pour un meilleur épanouissement et intégration des femmes au sein des forces de défense et de sécurité.
Les anniversaires donnent l’occasion d’analyser le passé pour mieux préparer l’avenir. La fête internationale du 8 mars a donné l’occasion aux femmes de se battre pour l’égalité des sexes dans le travail. Au sein de notre commission nous avons un programme. Nous nous battons toujours pour les forces de défense et de sécurité mais en particulier pour les femmes parce que souvent elles y sont peu. En plus l’ensemble des femmes parlementaires réuni en forum depuis 2014, oeuvre pour amener les femmes en politique pour une meilleure prise en compte de leurs préoccupations.
Qu’est ce qui fait que les femmes sont peu nombreuses au sein des forces de défense et de sécurité?
Souvent les hommes pour nous ségréguer parlent de formation, de disponibilité. Je me bat pour que cette ségrégation cesse. Dans les mobilisations on voit les femmes servir de l’eau et du jus mais ça ne doit pas se limiter là. Il faut qu’on ait des femmes au poste de général. Les femmes doivent se remettre en cause et celles qui sont là doivent aider lors des recrutements. Elles doivent aussi se former.
Parlant politique, le cota des 30% de femmes sur les listes des partis politiques n’a pas été respecté et aujourd’hui vous demander une totale égalité, est ce qu’un lobby n’est pas nécessaire auprès des leaders politiques pour que ça change? C’est ce plaidoyer que nous sommes entrain de faire et je pense que nous allons y arriver avant la nouvelle législature. Tout est mis en oeuvre pour instaurer la parité et cela avant que nous quittons l’Assemblée Nationale.
Il n’est pas aisé pour une femme de se faire remarquer au sein d’un parti politique comment y êtes vous prise?
Mon secret se résume en trois mots: audace, volonté et détermination. Ce n’est pas facile mais il faut surmonter les obstacles.
Est ce que c’est une intellectuelle seulement qui doit briguer les postes de décision ? Car y’a beaucoup d’autres analphabètes qui se battent mais se découragent, se dévalorisent au moment venu sous prétexte qu’elles ne sont pas allées à l’école?
Elles ne doivent pas se dévaloriser. Il y a un exemple tout prêt au Sénégal où un système de traduction est instauré au parlement pour les femmes députés non lettrées. Autre exemple de la bataille pour l’indépendance de la Guinée à jour on a constaté la présence de nombreuses femmes non instruites comme Lofo Camara. Moi j’en veux surtout à celles qui se disent intellectuelles qui ne sont pas là. Les analphabètes sont là au moment des mobilisations, elles disparaissent de moitié au moment de la participation et elles ne sont plus là au moment des décisions. C’est pourquoi le forum des femmes parlementaires vient de rentrer d’une mission où il a demandé aux partis politiques de positionner les femmes. Et ce positionnement ce n’est plus à 30%. La constitution dans son article 8 dit que tous les guinéens sont égaux. Donc il faut l’égalité des sexes en politique et partout.
Pour ce 8 mars l’ONU exhorte décideurs et activistes à « penser équitablement, bâtir intelligemment, et innover pour le changement. Comment matérialiser cela pour la guinéenne ?
Ça va se matérialiser par la volonté, la détermination, l’audace et par la conscience que nous aurons vis à vis de nous car ça ne viendra pas sur un plateau d’or.
Hadjiratou BAH