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Après sept ans d’emprisonnement à la maison centrale de Conakry pour dit-on complicité dans l’attaque du domicile du chef de l’État le 19 juillet 2011, dame Fatou Badiar a regagné ce 2 janvier 2019 sa maison à Almamya (commune de Kaloum). Une libération suite à la grâce présidentielle du 31 décembre 2018. Elle a retrouvé une maison dépouillée de tout son contenu notamment sa chambre. Depuis sa libération à 9 heures du matin sa maison ne désemplit pas de parents, amis et médias. Le soucis principal de madame Badiar aujourd’hui est sa santé et l’avenir de ses trois enfants. Des enfants qui pendant son incarcération ont dû abandonner l’école. Lisez plutôt cet entretien réalisé par la guinéenne.
Laguinéenne: aujourd’hui vous étés sortie de prison comment vous sentez vous?
Fatou Badiar: je me sens très bien, je me sens vraiment libre aujourd’hui. C’est un jour inoubliable pour moi.
Laguinéenne: en tant que mère de famille quel a été votre sentiment quand vous avez vu vos enfants dès votre sortie?
Fatou Badiar: là je ne peux pas qualifier ça parce que c’était fort. Ma prison me faisait mal mais le fait de ne pas voir mes enfants tous les jours ça me fait plus mal que ma prison. Mais aujourd’hui je suis vraiment à l’aise. Ils n’ont personne à part moi, leur papa est décédé. Donc ils ont vécu 8 ans sans moi. C’était pas facile.
Laguinéenne : pendant ces sept ans de détention qui s’occupait de vos enfants ?
Fatou Badiar: personne à part moi. Je me débrouillait à vendre de l’eau , du jus de gingembre et bissap à la maison centrale pour les nourrir. Ils n’étudiaient pas faute de moyens. L’ aîné a ses 18 ans maintenant, le second quinze ans et ma benjamine avait 5 ans quand je l’avait laissé.
Laguinéenne : maintenant que vous etes
Sortie vous avez des projets pour eux?
Fatou Badiar: c’est mon grand soucis que les enfants aient un avenir mais je doit faire face à mes problèmes de santé d’abord. Je fais souvent des crises. J’ai en même temps le diabète et l’hypertension artérielle. J’ai aussi les ligaments qui lâchent au niveau du genou. Cela nécessite une intervention chirurgicale qui n’est pas faisable ici. Je prie toutes les bonnes volontés de m’assister pour mon évacuation.
Laguinéenne : pendant la durée de votre détention qu’est ce qui vous a donné le courage de tenir?
Fatou Badiar : seul Dieu qui m’a donné le courage.
Laguineenne: Est ce qu’on vous traitait bien en prison ? Aviez vous le nécessaire, les soins médicaux, la nourriture ?
Fatou Badiar : oui on me traitait bien mais je n’avait pas de prise en charge. Les soins médicaux étaient à ma charge, ma famille et des bonnes volontés. Je salut la communauté chrétienne qui n’a pas cessé son soutient morale et matériel. Elle nous envoyait du savon, des habits, des pâtes dentifrice et brosse à dents…. Et elle priait Jésus pour tous les détenus.
Laguinéenne : comment étaient vos liens avec vos co-détenues?
Fatou Badiar : au début j’étais seule dans une cellule pendant 5 ans. C’était pas facile, j’ai été enfermée 24/24 pendant quatre mois. J’étais la seule femme isolée. C’est après cinq ans que j’ai été mise avec d’autres femmes. Ya eut de bons rapports avec elles, certaines viennent même de me rendre visite. On ne s’est pas séparées.
Laguinéenne: aujourd’hui estimez vous que justice a été rendue?
Fatou Badiar: j’estime qu’il faut remercier le bon Dieu et le professeur Alpha Condé de m’avoir donné ma liberté. Je prierai pour lui.
Laguinéenne : est que y’a eut une amélioration des conditions de détention à la maison centrale?
Fatou Badiar : à notre arrivée ici on pouvait voir chaque jour dix cadavre sans linceuls. On les entasse comme çà dans des fourgonnettes on les enterre. Il y avait une odeur nauséabonde qui se dégageait tu ne pouvais même pas boire de l’eau sans tenir tes narines. Mais ça changé deux ans après. Ils ont tout réparé. C’est propre, carrelé. Tous les prisonniers ont de l’eau dans leurs cellules ainsi que des couchettes. Y’a des ventilateurs. La croix rouge et les ONG y ont beaucoup contribué. Les défenseurs des droits de l’homme ont aussi fait assez de plaidoyers pour nous auprès des autorités.
Laguinéenne : quel appel avez vous a lancer ?
Fatou Badiar : un message de paix et de réconciliation. C’est la paix seulement qui peut nous faire avancer. Si on rend la vie difficile à un chef d’État que ça soit Alpha Condé ou un autre on ne pourra pas avancer. Je lance un appel à toutes les femmes, les hommes les enfants, d’accepter la cohésion entre guinéens pour qu’on puisse avancer.
Hadjiratou Bah
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