En recourant à des pratiques agricoles intelligentes face au climat, la valeur de la production agricole annuelle africaine pourrait atteindre 880 milliards de dollars, d’ici 2030.
Tunis (dpa) – Bien qu’il soit une menace pour l’Afrique, le changement climatique offre une chance pour stimuler la transformation des économies du continent et les adapter aux exigences du climat. À cet égard, plusieurs pays africains se sont déjà lancés dans des programmes ambitieux basés sur le renforcement de la résilience et l’adaptation aux contraintes climatiques.
La transformation agricole est la grande opportunité que présente le changement climatique à l’Afrique, selon la Banque africaine du développement (BAD) qui soutient la plupart des initiatives de développement durable dans le continent. En effet, l’Afrique renferme la plus grande partie de terre arable non exploitée, soit 25 pour cent de la terre fertile mondiale.
En recourant à des pratiques agricoles intelligentes face au climat, la valeur de la production agricole annuelle africaine pourrait passer de 280 milliards de dollars, actuellement, à 880 milliards, d’ici 2030. Cela permet à l’Afrique de se nourrir et de créer des emplois verts, a souligné la BAD. Dans ce contexte, des agriculteurs africains ont acquis des semences et des techniques agricoles résistantes au climat, pour améliorer leur productivité.
Un vecteur d’innovation et de créativité
Au Niger, l’approche de l’agroforesterie menée par les agriculteurs a amélioré les moyens de subsistance, tout en contribuant à l’adaptation et à l’atténuation des effets du réchauffement climatique sur cinq millions d’hectares de terre, selon la BAD. Par ailleurs, la plantation intercalaire d’arbres fixant l’azote a augmenté le couvert végétal en arbres et en arbustes et permis de restaurer 250.000 hectares de sol dégradé dans ce pays du Sahel, a-t-on relevé.
Le revenu réel brut annuel s’est élevé à 1000 dollars par ménage pour plus d’un million de familles, selon la même source. La lutte contre le changement climatique en Afrique est aussi un vecteur d’innovation et de créativité. Face au stress hydrique causé par la sècheresse et l’augmentation de la demande en eau dans l’agriculture, le chercheur tunisien Bellachheb Chahbani a inventé le « diffuseur enterré », une technique permettant de réduire considérablement la consommation d’eau utilisée pour l’irrigation.
Ce système permet aussi une réduction des doses d’engrais grâce à une diffusion plus ciblée et une action d’alimentation d’engrais en eau à la racine. Il élimine les pertes par évaporation, réduit le travail du sol et favorise un gain de 70 pour cent des apports d’eau par goutte à goutte, a appris la dpa auprès du chercheur. L’invention tunisienne a été nominée, en 2018, au prestigieux Prix de l’Innovation pour l’Afrique (PIA), organisé chaque année par la Fondation africaine de l’innovation (AIF).
Boisement et énergies renouvelables
Le réchauffement climatique a aussi poussé les pays africains à lancer des initiatives de boisement, désormais appréciées à l’échelle mondiale. L’Éthiopie a annoncé, l’été 2019, avoir planté plus de 350 millions d’arbres en l’espace d’un jour. Le boisement et le reboisement accroîtront la quantité d’humidité dans l’atmosphère tout en contribuant à la régulation des précipitations dans l’écosystème, à travers le processus d’évapotranspiration.
L’Afrique a également libéré son énorme potentiel en énergie renouvelable, essentiel à la croissance et au développement durable. Le Maroc a construit, au milieu du désert, l’un des plus grands parcs solaires au monde. D’une capacité de 510 mégawatts (MW), cette centrale solaire permettrait d’éviter l’émission de plus de 760.000 tonnes de CO2 par an. En Afrique de l’Ouest, le Sénégal a inauguré, le 24 février 2020, le plus grand parc éolien de la région. D’une capacité de 158 MW, ce projet apporte d’ores et déjà 50 MW au réseau de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec).
Dans le domaine de la gestion des déchets, problème majeur en Afrique, plusieurs pays du continent ont été contraints de repenser leurs pratiques et d’opter pour le recyclage et l’économie circulaire. Au Ghana, à titre d’exemple, plusieurs routes incluent, désormais, à leur composition les sacs en plastique recyclés.
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