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Le centre national de transfusion sanguine (CNTS) enregistre des avancées notamment en matière d’équipement des structures de transfusion sanguine à travers le pays. Cependant il reste confronté au manque de personnel qualifié dans le système transfusionnel et de donneurs volontaires. Des explications du directeur du CNTS Dr Yves Niankoye Haba lors de l’interview accordée à notre rédaction.
Quelles avancées peut on noter en terme de transfusion sanguine?
Avant, sur toute l’entendue du territoire national on faisait la transfusion du sang total. Mais depuis 2015, cela a changé pour la zone de Conakry puisque nous avons pu avoir un équipement de préparation des produits sanguins. En ce qui concerne la sécurité des receveurs de sang, les tests de dépistage des infections transmissibles étaient uniquement des tests rapides et n’avaient pas les mêmes performances que les automates. Pour la région de Conakry grâce à l’appui des partenaires on a un automate pour analyser tous les prélèvements effectués dans la zone. Cela permet de sécuriser d’avantage nos produits sanguins. A cela s’ajoute l’installation des banques solaires de sang qui permettent à toutes les structures de conserver leurs réactifs mais aussi les produits sanguins en favorisant une prise en charge efficace des services d’urgence de la maternité, traumatologie, pédiatrie car lorsque le besoin en sang se pose, ce n’est que lui qui peu satisfaire le patient.
Combien de structures sont équipées de nos jours ?
Aujourd’hui, il y a 40 structures qui sont entièrement équipés, ça veut dire l’ensemble des hôpitaux, préfectoraux, régionaux et certains centres communaux de santé. Dans toutes ces structures maintenant, les agents sont capables de conserver le sang. Malheureusement l’hôpital préfectoral de Télimilé a perdu son équipement suite à un incendie qui s’est déclaré avant même l’installation. A part les panneaux solaires, tout le reste de l’équipement a été emporté par les flammes. Ce qui fait maintenant 39 structures équipées sur 40.
Après l’incendie survenu à l’hôpital de Télimilé, comment fonctionne t’il actuellement ?
En attendant qu’on ne trouve un nouveau réfrigérateur pour eux, il revient dans l’ancien système. Faute de moyens de conservation, les structures se ravitaillent en poches et en réactifs et n’utilisent pas la chaine de froid. Lorsque le besoin est exprimé par les services cliniques, la demande est envoyée au laboratoire qui à son tour, sensibilise les parents des patients pour trouver un donneur potentiel en faisant le groupage du sang et les tests de dépistage des infections transmissibles par le sang. Quand le résultat s’avère négatif, on fait le prélèvement pour le donner directement au patient.
Comment faire face aux cas d’urgence ?
C’est un long processus. Ça peut prendre une heure, deux heures voir plus. Ce qui ne permet pas de s’occuper des patients en urgence surtout les femmes qui viennent en situation d’hémorragie ou les accidentés.
La seconde étape consiste normalement à doter les hôpitaux régionaux des mêmes équipements que le centre national de transfusion sanguine pour que les mêmes activités qui se réalisent au CNTS, se fassent au niveau régional. Mais ces hôpitaux n’ont pas l’infrastructure qu’il faut donc à la de cet équipement nous allons mettre des centrifugeuses. Cet appareil permet de séparer le sang en ses différentes composantes pour que chaque patient reçoive le produit qu’il a besoin et non le sang total.
Nous conseillons à tous les hôpitaux de mettre en place le stock minimum qui puisse leur permettre de prendre rapidement en charge les cas d’urgence. Nous formons également des pères recruteurs de donneurs de sang. Ça commencé dans les régions de Labé et Faranah où tous les hôpitaux préfectoraux disposent désormais de personnes issues de la société civile qui sensibilisent la population afin de trouver des personnes en bonne santé (des donneurs) pour secourir la structure en cas de détresse.
Depuis quand vous avez instauré ce système ?
C’est en 2018 que nous avons commencé la série de formation par la zone du projet PASP et pour ces structures nous avons pu former trois personnes issues de la société civile, de la Radio Rurale, de la Croix Rouge et d’autres organisations de la société civile et chacun a été formé dans sa région soit trois personnes par préfecture.
Ce nombre est il suffisant par rapport à la demande ?
Le nombre est insuffisant. Il est question non seulement de renforcer les capacités des personnes qui ont été formées en faisant des missions ponctuelles d’accompagnement pour organiser des collectes de sang mais parallèlement recruter d’autres personnes pour qu’on n’ait plus de mobilisateurs au compte des hôpitaux.
Ya t’il eut des changements depuis leur mise en place ?
Depuis leur mise en place, tous les hôpitaux ont maintenant leur stock minimum de sécurité qui permet de prendre en charge les cas plus urgents sans demander des donneurs.
Quels sont les défis ?
C’est d’abord les donneurs volontaires, ensuite les infrastructures. Si on veut déployer les équipements à l’intérieur du pays il nous faut du personnel qualifié. Il Ya un seul médecin qui travaille dans le système transfusionnel pour tout le pays et deux pharmaciens spécialistes du domaine. D’où mon cri de cœur à l’endroit du gouvernement et des partenaires qui œuvrent dans le domaine de la santé pour que plus de moyens soient accordés à la transfusion sanguine.
Maimouna Bangoura