« Nous avons développé ce ‘superphone’ afin de briser les barrières de l’écriture et de la lecture car la technologie actuelle privilégie encore les commandes écrites. Or, la grande majorité des populations africaines est analphabète », explique Alain, président du groupe Cerco, dans un entretien accordé à l’Agence de presse allemande (dpa). Selon ce docteur en sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Paris 8 (France), l’idée de concevoir Open a germé lorsqu’il a constaté que les personnes âgées, souvent analphabètes en Afrique, éprouvaient des difficultés à utiliser un téléphone.
« Mon défunt père se débattait à chaque fois qu’il utilisait son téléphone. Il me disait souvent, ‘je ne suis pas bête mais plutôt analphabète’. Le problème, c’est que les technologies que nous mettons souvent à la disposition de nos parents nous donnent souvent l’impression que ça les rend bêtes, puisqu’ils ont du mal à les utiliser », renseigne-t-il.
Objectif : atteindre 1000 langues africaines
D’après le président du groupe Cerco qui a étendu ses activités au Mali, en Côte d’Ivoire, au Burkina et en France, des milliers d’unités de son smartphone ont été vendus jusqu’à présent outre les commandes en cours. « Nous avons été surpris par l’engouement autour de cette innovation. Nous avons fait une nette différence avec les produits concurrents car notre superphone répond à des besoins non seulement utilitaires mais aussi émotionnels. Désormais, il existe sur le marché africain un téléphone qui peut parler un dialecte africain », témoigne Alain.
De plus, poursuit-t-il, le fait que ce soit un produit « Made In Africa » a poussé plusieurs personnes à l’acheter car ils souhaitent vraiment soutenir cette initiative africaine. Aujourd’hui, Alain ambitionne d’exporter son innovation vers toute l’Afrique. Pour cela, il compte, d’ici 2023, atteindre 1 000 langues afin de couvrir les 54 pays africains.
L’usine du Cerco dispose d’une chaîne d’assemblage de smartphones et d’ordinateurs d’une capacité de 4 000 unités par jour, soit près de 1,5 million de téléphones portables par an, a rapporté « Jeune Afrique », précisant que ce projet a coûté 7 milliards de francs CFA (environ 10,7 millions d’euros), dont 3 milliards de F CFA ont été injectés par le gouvernement ivoirien. Dans le passé, cette usine a été partenaire de Microsoft et Intel en assemblant des ordinateurs, mais ses opérations sont désormais entièrement dévolues au « superphone ».
Source: dpa.news