Le projet prévoit la mise en place d’une structure de prise en charge des cas de violations des droits de la fille et de la femme, a indiqué Khadijetou Dia, coordinatrice de l’ADDFM. Il est également question de former des imams pour lutter contre les mutilations génitales féminines (MGF), et de vulgariser les lois interdisant les pratiques traditionnelles contraires aux droits humains, a-t-elle ajouté. Le projet prévoit aussi l’identification, la formation et la reconversion des exciseuses traditionnelles qui redeviendront des défenseuses des droits de la fille et de la femme, a précisé la coordinatrice.
Il constitue, selon l’ADDFM, la continuité du projet de lutte contre l’excision et les violences basées sur le genre que l’Agence allemande de coopération allemande (GIZ) avait lancé en 2021 dans la commune de Sebkha à Nouakchott. Les MGF constituent une atteinte grave à la dignité et aux droits des filles tout en menaçant leur vie, c’est pourquoi la GIZ travaille depuis plusieurs années à côté de l’État et de la société civile, en Mauritanie, pour l’éradication de cette pratique, a souligné la chargée d’affaires de l’ambassade d’Allemagne, Mme Goellner-Scholz Antje.
Pratiques ancestrales répandues
En Mauritanie, plus de deux femmes sur trois, âgées de 15 à 49 ans (soit 67 pour cent) ont subi une mutilation génitale féminine, selon l’Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS), menée dans le pays en 2015, et dont les résultats ont été publiés en 2017. Dans ce pays, la prévalence des MGF est supérieure en milieu rural (79 pour cent) qu’en milieu urbain (55 pour cent), d’après la même Enquête. Le taux de prévalence atteint 96 pour cent dans certaines régions du pays comme le Guidimakha (Sud).
Pratiques ancestrales répandues dans plusieurs pays africains, les MGF consistent à altérer ou léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. Ces pratiques touchent notamment les filles entre la petite enfance et l’âge de 15 ans, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elles sont reconnues au niveau international comme une violation des droits de la personne. En 2012, l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté à l’unanimité, une résolution interdisant la pratique de l’excision féminine et fixé un délai butoir pour son éradication, à l’orée de 2030.
Berlin encourage le changement social
Le gouvernement fédéral allemand a appelé, le 6 février 2022, à travers Mme Luise Amtsberg, Déléguée à la politique des droits de l’homme et à l’aide humanitaire, à « mettre fin aux mutilations génitales féminines, qui violent les droits de l’homme et mettent souvent la vie en danger ». Cet appel a été lancé à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des MGF, commémorée le 6 février de chaque année.
Les MGF « ne peuvent être surmontées uniquement par des sanctions pénales, car il s’agit d’une pratique néfaste profondément ancrée dans de nombreuses sociétés », a constaté Amtsberg, appelant à « sensibiliser la population » des pays concernés « aux conséquences graves et permanentes ». « Le gouvernement fédéral renforce la prévention contre toutes les formes de violence sexiste, y compris les mutilations génitales féminines, par le biais d’une série de projets et de programmes relatifs aux droits de l’homme en Afrique (…) », a-t-elle dit. Berlin encourage également le changement social collectif dans le cadre de sa coopération au développement, par exemple en travaillant avec les autorités religieuses et traditionnelles, les enseignants et autres leaders d’opinion.
source: dpa.news