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Le cancer est la première cause de décès dans le monde. En Guinée les pathologies les plus courantes sont
celles du sein, du col de l’utérus chez les femmes, du foie chez les deux sexes, de la prostate chez l’homme et le cancer de l’estomac. Des pathologies pourtant évitables si dépistées tôt mais aussi en adoptant un mode de vie sain dans certains cas. Cependant la prise en charge se heurte souvent à des problèmes quand praticiens de santé et malades n’ont pas tous les moyens nécessaires pour y faire face. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer ce 4 février 202, laguineenne.info a rencontré Chef d’unité de chirurgie des cancers du CHU Donka. Professeur Bangaly Traoré était ce jeudi dans les locaux de l’hôpital Jean Paul II de Conakry où des consultations ont lieu .
En moyenne 20 à 30 patients sont reçus par jour par Professeur Bangali. La plupart ont déjà développé la maladie explique t’il: « Ya des malades qui viennent pour une consultation, d’autres sentant avoir déjà le cancer et enfin ceux orientés vers notre centre. On a constaté une baisse de 35% des consultations depuis l’apparition du COVID-19 en Guinée alors que les malades du cancer ont augmenté à près de 46%. La particularité guinéenne est qu’il n’ya pas de programme efficace de dépistage et les centres de dépistages de cancer féminins sont très peu fréquentés faute de communication ou de compréhension de l’intérêt du dépistage. Si je prend par exemple le cancer du col de l’utérus c’est une maladie qui évolue silencieusement pendant 7 à 12 ans avant qu’elle n’apparaisse et donnant ainsi toutes les possibilités de détecter les cellules précancéreuses dont le traitement empêche l’apparition du cancer. Ne comprenant pas cela les femmes ne viennent pas se faire dépister. Ce qui fait qu’on voit des malades à des stades avancés avec un coût très élevé en terme de traitement et pour peu de résultats.
Même lors des dépistages gratuits organisés parfois par des ONG, peu de personnes y viennent. Pour renforcer la sensibilisation, Professeur Traoré en partenariat avec le ministère de la santé compte faire diffuser des spots publicitaires sur l’ensemble du territoire lorsque les moyens financiers seront disponibles.
Autres défis, les besoins en infrastructures adéquates et en médicaments déplore le Chef d’unité de chirurgie des cancers du CHU Donka: « il y’a beaucoup d’insuffisances en matière de ressources. Regardez la structure dans laquelle nous travaillons c’est l’hôpital Jean Paul 2 et nous ne sommes pas domiciliés ici. Quand vous rentrez dans les salles, on a tellement de malades que nous sommes obligés de mélanger les hommes et les femmes dans les mêmes salles sans cloisonnement évident. Il y’a aussi l’accès aux médicaments anticancéreux qui ne sont pas subventionnés bien que ça figure dans le programme des maladies non transmissibles du ministère de la santé mais ce n’est pas suffisant pour couvrir aux besoins de la population. On n’a pas de radiothérapie pour mettre les malades qui viennent à un stade avancé dans un mécanisme de traitement qui vise à les guérir ou pour compléter le traitement chirurgicale des malades venant à un stade précoce. Souvent il y’a besoin d’évacuation à l’étranger mais quelqu’un qui n’a pas les moyens de se faire consulter comment va t’il faire face aux frais d’une évacuation ? »
Malgré ces difficultés et pour éviter l’évolution du cancer, Professeur Bangaly Traoré invite la population au dépistage précoce. Certains cancers aussi peuvent être évités en ne s’adonnant pas aux facteurs à risque comme le tabac, l’alcool, l’obésité, l’exposition aux rayons ultraviolets du soleil et ceux artificiels mais aussi certains agents infectieux. Il faut également surveiller son alimentation…
Depuis la création de ce centre près de quinze mille malades ont été reçus. Cette année une informatisation des dossiers des malades va être entamée. En outre un partenariat est tissé avec des laboratoires français pour faire des thérapies ciblées plus appropriées.
Hadjiratou BAH