Par Tarek Guizani
Pendant la période du confinement, 400 hêtres non renouvelables ont été coupés dans la forêt de Ain Salam. L’abatage sauvage des arbres constitue un coup dur pour le patrimoine écologique du pays.
Tunis (dpa) – La Tunisie a réussi, depuis 2011, une transition politique qui lui a permis de joindre le rang des États démocratiques. Mais cette transition avait un coût puisque, outre la situation économique et sociale difficile, l’environnement a payé très cher, jusqu’ici, en termes de diminution d’espaces verts et de préjudices infligés au couvert forestier.
Dans les forêts, des actes d’abatage sauvage à grande échelle s’étaient accélérés avec le début de la transition politique en 2011, a appris la dpa auprès du ministère tunisien de l’Agriculture. Ces actes se sont manifestés récemment, pendant le confinement imposé à travers tout le pays pour enrayer la propagation de la pandémie Covid-19.
Abatage sauvage, superficies forestières réduites
Selon le ministère de l’Agriculture, plus de 400 hêtres non renouvelables ont été coupés dans la forêt de Ain Salam (Nord-ouest), durant la période du confinement. « Cela constitue un coup dur pour le patrimoine écologique du pays », a déclaré à la dpa Adel Hentati, expert tunisien dans le domaine de l’environnement et du développement durable.
L’abatage sauvage des arbres constitue une grande attaque que les forêts tunisiennes, classifiées en forêts d’origine, forêts aménagées ou réinventées depuis 1961, subissent depuis des années. La superficie des forêts d’origine s’est réduite avec le temps pour se stabiliser, depuis l’indépendance de la Tunisie, en 1956, autour d’environ 600 mille hectares. La superficie des forêts aménagées ou réinventées varie aujourd’hui entre 700 mille et 800 mille hectares, selon l’expert.
« Les forêts d’origine renferment des espèces végétales rares et non renouvelables, dont l’âge de certaines remonte à quatre mille ans, et elles font face depuis des décennies aux dangers du changement climatique », a expliqué M. Hentati. Les superficies forestières connaissent des pertes estimées à douze mille hectares chaque année à cause des incendies, naturelles ou provoquées, a-t-il rappelé.
Abus contre l’écosystème
Par ailleurs, les forêts tunisiennes souffrent d’un manque de recours suffisant aux gardiens dont le nombre total ne dépasse pas les 7500 dans tout le pays, selon un rapport publié en avril par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. Ce nombre ne répond pas aux besoins réels des superficies forestières. En raison de leurs salaires modiques et moyens de transport et de surveillance faibles, ces agents sont souvent exposés à l’agression ou à la connivence avec les agresseurs.
Le rapport signale également de nombreux cas suspects de corruption lors de l’octroi de permis de pâturage et d’abatage organisé d’arbres, ouvrant la voie à des abus contre l’écosystème de la part des commerçants du charbon et du bois. « La situation actuelle menace les animaux sauvages rares d’extinction. Aujourd’hui, les forêts ont besoin d’une attention périodique concernant l’élimination des arbres morts et la révision de l’abatage organisé, destiné à l’exploitation et à la vente du bois qui couvre actuellement 20 pour cent des besoins du marché », a souligné l’expert Hentati.
Il a insisté sur l’importance de la protection des forêts en Tunisie à travers l’adoption de nouvelles législations et le renforcement de la surveillance. Ces forêts jouent un rôle primordial dans la protection du sol contre l’érosion, la pérennisation écologique des espèces et l’absorption du dioxyde de carbone émis par les usines.
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Source : dpa.news