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L’enquête nationale de 2019 sur les violences basée sur le genre montre que 92% des femmes guinéennes âgées de 15 à 49 ans ont été victimes d’autres moins d’un acte de violence avec des variations régionales. D’ou la table ronde initiée ce 9 mars 2020 par OSIWA (Open society for west africa) pour trouver des voies permettant de juguler ce phénomène. Sur la vingtaine d’invités étaient entre autre présents les médias, les ONG de lutte contre les VBG, des religieux, des représentants des forces de défense et de sécurité, la justice, l’action sociale…
L’ organisation de cette table ronde vise à identifier les défis et voir quelles nouvelles stratégies mettre en place pour mieux mener en synergie la lutte contre les VBG a expliqué le coordinateur programme d’OSIWA Abdoul Rahamane Diallo: « des efforts sont fournis mais les violences physiques et psychologiques continuent. Il faut voir comment menner la sensibilisation avec des approches communautaires mais aussi renforcer la justice et la collaboration avec toute la chaîne qui œuvre dans ce domaine. Il faut aussi l’accompagnement des ONG en terme financier et renforcement de capacités ».
Issues de toutes catégories sociales les victimes de violences sont majoritairement des femmes et des filles. Ceci à cause des inégalités sociales, les stéréotypes, les croyances sexistes et la manière dont certains interprètent la religion déplore Madame Fatoumata Binta Sow. Cette vice-présidente du conseil d’administration de la COFEL (coalition des femmes leaders de Guinée) plaide pour le respect des textes de loi et la lutte contre l’impunité.
Ces violences sont de plus en plus perpétrées dans des lieux où les femmes devraient se sentir protéger. Il s’agit de la famille (inceste; violences mari sur sa femme; entre femmes et femmes sur enfants, attouchements entre adolescents), les communautés, les institutions d’enseignement et les lieux de travail. Les auteurs de ces violences sont généralement saints d’esprit ou sous l’influence momentanée de la drogue souligne Professeur Hassane Bah médecin légiste au CHU Ignace Deen. Sur les 30 patients en moyenne qu’il consulte par jour, 10 sont des filles victimes d’agressions sexuelles dont 70% ont moins de douze ans. Bon nombre d’entre elles sont marquées par de graves lésions dont certaines déchirures réparées en chirurgie. precise-t’il. Comme autre conséquences graves il cite entre autre des affections psychiques, des problèmes de fertilité, MST, grossesses non désirées…
De leur côté, Elhaj Seny Facinet Sylla et Elhaj Bambassid représentants aux affaires religieuses ont non seulement fustigé la mauvaise compréhension de la religion par des fidèles et leaders religieux mais aussi l’irresponsabilité parentale et la banalisation de l’éducation dans sa globalité (morale, éthique, religieuse et spirituelle).
Au titre des recommandations les participants ont entre autre proposé de:
– se battre pour l’autonomisation des femmes ;
– renforcer la coordination de tous les acteurs intervenant dans la lutte contre les VBG (cartographie des domaines d’intervention des ONG);
– mettre en place un système de réseautage pour mieux répertorier les victimes (codage) et avoir une base de donnée;
– mettre en place un système d’alerte précoce et de référencement;
– introduire dans le cursus scolaire la question de VBG;
– aux filles non scolarisées de se tourner vers la vie associative (peu coûteuse) où elles seront formées, informées et pourront éviter ainsi certains abus dûs à leur ignorance.
Hadjiratou Bah