A Mamou la ville carrefour une préfecture située à 270 kilomètres de Conakry, le passage du virus ebola n’aura pas été que négatif. En effet le centre de traitement des épidémies est un acquis qui fait aujourd’hui la fierté du personnel soignant et des patients qui s’y rendent.
Pour en parler, nous avons rencontré Dr Sekou SOUMAH le Chef de service du centre de traitement des épidémies de l’hôpital régional de Mamou. Les cas d’infections reçues fréquemment, les difficultés quotidiennes et les perspectives du centre sont à lire dans cette interview réalisée à Mamou par Idiatou CAMARA.
Bonjour Dr présentez-nous le centre de traitement des épidémies de Mamou que vous gérez et les infections qui y sont traitées
Merci Madame pour cette opportunité, le centre des maladies infectieuses et tropicales de Mamou est un des acquis du passage de l’épidémie Ebola dans notre pays, c’est un centre unique je dois le rappeler, car il n’existe dans les pays voisins victimes de l’épidémie, je veux parler de la Sierra Léone et du Libéria.
Sa mission est d’accueillir les sujets infectés par des maladies à potentiel épidémique. Lorsque notre pays subissait la maladie, figurez-vous que les patients de N’zérékoré par exemple, de Tougué, de Siguiri et d’ailleurs étaient transportés jusqu’à Conakry. Il faut aussi rappeler que les prélèvements étaient envoyés dans des pays occidentaux. Pour être analysés. Toute chose qui ne facilitait pas le travail et augmentait le risque de décès des patients en chemin.
Mais aujourd’hui nous avons la possibilité d’assurer la prise en charge sur place, ce qui rassure aussi les parents des malades et les patients eux-mêmes.
Comment il fonctionne concrètement ce centre ?
Le centre fonctionne en 2 temps, c’est-à-dire en période d’épidémie, comme c’était le cas lors du passage du virus Ebola. Une épidémie déjà il faut dire que c’est lorsque la maladie peut se propager à un rythme accéléré si toutes les dispositions ne sont pas prises. C’est la période d’urgence. Il peut s’agir d’ebola, du choléra, la fièvre jaune, la fièvre lassa qui vient d’être maitrisée fort heureusement comme vous le savez.
En second temps, c’est la période calme comme c’est le cas actuellement. En ce moment le service fonctionne comme la médecine générale et peut recevoir tous les cas d’infections sans urgence. C’est le cas du paludisme, des diarrhées, des amibiases etc…
Au moment de cette épidémie, vous avez dû subir d’énormes difficultés notamment en ce qui concerne les interprétations, les préjugés et tout le reste. ?
Vous avez tout à fait raison, il arrivait des moments où on disait même que les médecins faisaient du trafic d’organes, vous imaginez ce que cela peut faire et avoir comme réaction au sein des populations. Sans oublier les cas de morts enregistrés dans des régions de la forêt notamment du personnel soignant à cause de la psychose enregistrée par ces agissements. Mais grâce à la sensibilisation, et les patients qui sont guéries les choses avancent progressivement, mais la compréhension n’était pas facile à un moment donné je dois dire.
S’agissant du VIH SIDA comment expliquez que la maladie se féminise au niveau mondial donc ici à Mamou aussi ?
Vous avez tout à fait raison, les femmes ont plus le courage de se faire dépister, cela ne veut pas dire qu’elles sont les plus atteintes, mais ce sont elles qui viennent le plus se faire dépister c’est la raison. Et il ne faut pas oublier que le personnel soignant est très réticent, parce que connaissant les dangers de la maladie.
Un message aux populations pour inverser cette tendance ?
Je demande à toute la population de nous faire confiance, c’est important, et de se faire consulter dès qu’elle sente quelque chose d’anormale. Il faut commencer par les centres hospitaliers, car si une maladie est détectée à temps, le patient à plus de chance de s’en sortir.
Il ne faut pas attendre que la maladie soit insupportable avant de venir à l’hôpital. Je conseille aussi aux journalistes de s’intéresser davantage aux questions de santé, de se former et de s’informer, pour mieux informer la population, car si le journaliste lui-même ne sait pas de quoi il parle, cela suppose que le message sera perçu différemment et de manière négative le plus souvent.
Je vous remercie pour cette opportunité, c’était un plaisir d’échanger avec vous.