Chaque année, le changement climatique amputerait le PIB du continent de 1,4 point, selon la Banque africaine de développement.
Tunis (dpa) – L’Afrique, continent le moins pollueur de la planète, est, paradoxalement, la région du monde la plus impactée par les effets néfastes du changement climatique. En effet, ce continent n’est responsable que de quatre pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon la Banque mondiale (BM).
Pourtant, sur les dix pays au monde considérés comme « les plus menacés » par le changement climatique, sept pays se trouvent en Afrique, a appris la dpa auprès de la Banque africaine de développement (BAD): Centrafrique, Érythrée, Éthiopie, Nigeria, Sierra Leone, Soudan du Sud et Tchad.
Plusieurs pays africains font face à la désertification, à l’élévation du niveau de la mer, à l’érosion marine et à des épisodes climatiques extrêmes tels que les canicules, les inondations et les cyclones. « Les températures en Afrique augmentent et devraient continuer d’augmenter plus rapidement que la moyenne mondiale au 21ème siècle », avait annoncé le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
L’agriculture, qui emploie plus de 60 pour cent de la population africaine active et contribue, en moyenne, avec 16 pour cent au PIB national des pays africains, est le secteur le plus affecté par ce phénomène, a-t-on signalé. Ce secteur est indispensable pour assurer la sécurité alimentaire et la survie des populations rurales africaines.
La menace de la désertification
La désertification constitue une réelle menace pour le continent, surtout pour les pays du « Sahel » où 65 pour cent des terres sont touchées par ce phénomène, selon les ONG Enda Pronat et Osiwa. « Ce phénomène est lié au changement climatique et aux actions anthropiques telles que la déforestation et les pratiques agricoles destructrices des sols », ont expliqué les deux ONG, en février 2020.
Si cette situation perdure, l’Afrique ne pourra subvenir qu’à 13 pour cent de ses besoins alimentaires d’ici 2050, avait prévenu le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le continent perdra les deux tiers de ses terres arables, d’ici 2030, si l’on ne met pas fin à la désertification dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest.
Entre 2018 et 2019, des inondations dévastatrices ont touché toute l’Afrique australe. Le cyclone « Idai » qui a frappé trois pays de la sous-région (Malawi, Mozambique et Zimbabwe) a fait plus de 1000 morts et laissé des centaines de milliers de personnes dans le besoin.
Fuir les effets du changement climatique
Dans les années à venir, ces phénomènes extrêmes pourraient être la cause de vagues de « migrations climatiques ». D’ici à 2050, quelque 86 millions de personnes pourraient être concernées en Afrique subsaharienne, sur les 140 millions de migrants potentiels, selon la BM. Ces populations quitteraient leurs pays pour fuir les effets du changement climatique dont notamment la baisse de la production agricole, la pénurie d’eau et la hausse du niveau de la mer.
En Tunisie, la hausse du niveau de la mer et l’érosion marine menacent déjà plus de 300 kilomètres des côtes du pays, a-t-on appris auprès de l’Agence tunisienne de protection et d’aménagement du littoral (APAL). La superficie menacée risque d’être révisée à la hausse à cause de la pression des activités économiques et industrielles et l’expansion urbaine tout au long des côtes, outre la détérioration des écosystèmes, a indiqué l’APAL.