3) Sénégal : « Minutedrone » forme des jeunes sur le télépilotage
L’entreprise propose des formations en pilotage de drones et même des modules spécialisés comme l’agriculture de précision.
Par Marwa Dellagi
Natif de Mbour, une ville de l’Ouest du Sénégal, réputée pour être une plaque tournante de la migration irrégulière, Mamadou Wade Diop a rapidement décelé les opportunités économiques que pouvaient offrir les drones aux jeunes de son pays en quête d’un avenir meilleur, parfois au péril de leurs vies. Depuis deux ans, Mamadou offre des formations certifiantes de télépilotage de drones, à travers son entreprise « Minutedrone » basée dans la capitale Dakar (Ouest).
Assurées par des instructeurs reconnus par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), ces formations s’adressent aux personnes souhaitant développer leurs compétences en télépilotage de drones et en gestion d’une activité d’exploitation de drones. L’entreprise propose même des modules spécialisés tels que l’agriculture de précision, la thermographie infrarouge, la photogrammétrie et le cadrage vidéo.
« Étant originaire de Mbour, une zone de départ des migrants clandestins, j’ai vu que les drones pouvaient apporter une réponse aux défis sociaux-économiques de notre pays et au chômage. En offrant des alternatives professionnelles concrètes, ces engins peuvent contribuer à la lutte contre la migration irrégulière », indique Mamadou dans un entretien accordé à la dpa. Selon lui, les drones interviennent également pour résoudre certaines problématiques auxquelles font face les secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’énergie, l’aménagement ou encore la cartographie.
Un parcours d’autodidacte
Autodidacte, le jeune homme de 35 ans a enchaîné les formations en télépilotage au Sénégal et en France avant de décrocher une certification de l’OACI pour devenir instructeur. Son expertise dans ce domaine le pousse à créer ses deux entreprises, à savoir : Minutedrone et « Azery Drone Solutions ».
Pour Mamadou, entreprendre dans des secteurs innovants comme celui des drones reste un défi « considérable » au Sénégal, en raison de difficultés à la fois réglementaires, financières et socio-culturelles. « À l’époque où j’ai lancé mon entreprise, les drones étaient perçus comme des outils d’espionnage sur le plan réglementaire, jusqu’à ce que le Sénégal devienne l’un des premiers pays en Afrique à disposer d’une législation spécifique aux drones », mentionne-t-il.
D’après lui, l’accès au financement demeure également « un défi conséquent », particulièrement pour les jeunes qui ne disposent pas de moyens de financer leurs formations. Cependant, ces obstacles n’ont pas eu raison de la détermination de Mamadou à contribuer à l’éducation et à la formation des jeunes de son pays. « Malgré ces défis, je suis fier de dire que nous avons largement contribué à la promotion de cette technologie au cours des cinq dernières années. Il nous reste encore beaucoup à faire, notamment pour reproduire ce succès dans d’autres pays africains. Je reste confiant quant à l’avenir », souligne-t-il. L’entrepreneur nourrit l’ambition de faire de ses entreprises un leader dans le domaine des drones en Afrique et de continuer à créer de l’emploi aux jeunes africains.