2) Côte d’Ivoire : Vers une production d’hévéa sans déforestation
Au cours des 60 dernières années, 90 pour cent de la surface de la forêt ivoirienne a disparu, en raison notamment des pressions anthropiques.
Par Elyes Jouini
En Côte d’Ivoire, premier producteur africain de caoutchouc naturel, la conversion des forêts pour la plantation d’hévéa, un arbre tropical dont le latex est transformé en caoutchouc, menace la Réserve naturelle de Mabi-Yaya (RNMY) située dans la région de La Mé (Sud-est).
Née de la fusion de deux forêts classées, la RNMY a été créée fin octobre 2019 pour sauvegarder ces espaces contre la forte pression anthropique exercée par des exploitants forestiers, des braconniers et des cacaoculteurs. La superficie de la réserve est estimée à plus de 60 000 hectares, selon les chiffres de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR).
Les pressions anthropiques, notamment la conversion des forêts pour la plantation d’hévéa, pèsent toujours sur la RNMY, moins de quatre ans après sa création. Pour remédier à cette situation, l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) a scellé un partenariat avec la Société africaine de plantations d’hévéas (Saph), premier producteur ivoirien de caoutchouc naturel, pour la mise en œuvre d’un projet intitulé « Caoutchouc durable pour les communautés ».
Couvrant la période entre août 2023 et avril 2024, ce projet fait partie d’un programme intitulé « Durabilité et valeur ajoutée dans les chaînes d’approvisionnement agricoles » (« ProAgriChains »), mandaté par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).
Déployé dans dix pays dont cinq en Afrique (Éthiopie, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana et Cameroun), « ProAgriChains », qui s’étend entre 2019 et 2026, vise à améliorer la durabilité de certains produits agricoles de consommation courante : banane, coton, café, cacao, caoutchouc naturel, huile de palme et soja. Il devrait aboutir, à terme, à une déclaration commune des communautés riveraines de la RNMY pour une production d’hévéa sans déforestation.
Induire un changement de comportement
Selon la presse locale, il s’agit d’induire un changement de comportement de ces communautés et de développer un système durable de restauration naturelle du paysage forestier qui fait de l’hévéa un « ami des forêts ».
Pour ce faire, le projet mettra en œuvre, dans sa zone d’intervention, une politique de traçabilité du caoutchouc naturel. Il luttera contre la déforestation à travers la surveillance satellitaire et créera, au profit de la population, des activités génératrices de revenu et des alternatives viables au défrichement, la destruction humaine de forêts pour convertir la parcelle forestière en terre agricole, entre autres.
Incontournable dans l’industrie pneumatique, la production de caoutchouc naturel « menace très directement les forêts tropicales en Afrique », selon Greenpeace. Pour réduire l’expansion de la production de caoutchouc sur des écosystèmes naturels, le Fonds mondial pour la nature (WWF) recommande d’accompagner les petits producteurs afin de la rediriger vers des terres dégradées.
Au cours des 60 dernières années, 90 pour cent de la surface de la forêt ivoirienne a disparu, selon l’Inventaire forestier et faunique national (IFFN), publié en juin 2021, ce qui fait de la Côte d’Ivoire un des pays en Afrique dont le taux annuel de déforestation est le plus élevé.
De 16 millions d’hectares en 1900, le couvert forestier ivoirien est aujourd’hui estimé à moins de deux millions d’hectares, soit 9,2 pour cent du territoire national, indique l’IFFN. Selon le nouveau règlement de l’Union européenne (UE), les produits associés à la déforestation comme le caoutchouc sont interdits d’entrer sur le marché de l’UE.
Source : dpa.news
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