Ces dernières années la Guinée a fait face à plusieurs remous politiques qui ont négativement impacté la vie socio-économique. Diverses contestations et divergences ont peu à peu altéré et enterré le débat politique. Une situation ayant conduit certains partis de l’opposition à tourner le dos aux élections législatives de mars 2020. Aujourd’hui même si mouvance et opposition s’accordent sur la nécessité de la reprise du dialogue politique, d’aucuns pensent que de nouvelles stratégies politiques s’imposent.
Le retrait des ténors de l’opposition républicaine du processus électoral passé est l’illustration parfaite que la démocratie guinéenne est en panne. Ainsi les règles de jeu devant qualifier cette jeune démocratie sont encore fragiles, pense le journaliste chroniqueur Habib Marouane Camara. A cette allure il reste sceptique sur l’avenir du débat politique guinéen: « c’est un perpétuel recommencement, le débat politique en Guinée n’a aucune saveur et n’apprend rien aux autres. C’est un terreau fertile à la confusion, la division, la propagation de la haine, du mensonge et de la méfiance. On a les acteurs qui échangent de rôle comme dans une série télévisée à plusieurs épisodes. Alors que le problème des populations est connu. C’est le manque d’eau, d’électricité, d’infrastructures routières, scolaires, hospitalières et la mal gouvernance endémique.
D’où la nécessité de trouver de nouvelles stratégies et renouveller la classe politique pense Jean Bien-Aimé Haba Président fondateur de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), l’un des jeunes partis de l’opposition et membre du FNDC n’ayant pas participé malgré lui aux législatives de 2020: « Je pense qu’aujourd’hui les idées sont à bout de souffle. Les idéologies ne veulent rien dire. Le clivage entre mouvance, opposition via FNDC est élimé comme un vieux tapis qui aurait droit aux cinq siècles. Moi j’ai envie de participer au redressement de notre pays et proposer aux guinéens une nouvelle alternative collective crédible au lieu que ce peuple ne soit confiné dans une espèce de choix entre un choix déprimant et un choix moins productif basé sur le communautarisme. Il faudrait que nous jeunes qui constituons la relève politique de ce pays essayons de dépasser ces considérations ethniques, religieuses, régionalistes sinon nous risquons de tomber dans les mêmes erreurs, le même piège que nos aînés d’aujourd’hui. »
Jean Bien-Aimé Haba condamne la politique de la chaise vide adoptée par l’opposition aux législatives. Cependant, il invite ses homologues à privilégier l’intérêt de la population et aller au dialogue en tirant les leçons du passé. A ce titre il apprécie la récente main tendue du Président de la République Alpha Condé en prélude au scrutin présidentiel: « Il va falloir que les uns et les autres acceptent la main tendue et qu’en face on lui dise la vérité sur ses erreurs. Dialoguer est une arme efficace en politique pour conjuguer le même verbe, consensus. Mais si on s’éloigne l’un de l’autre on va abandonner le peuple et ce n’est pas notre raison d’être. C’est pourquoi chaque fois il ya des manifestations. Mais va t-on continuer toujours à manifester ? On tue les gens, on gâte des biens, on met des gens en prison. »
Il est crucial que les partis s’entendent sinon cela impactera négativement sur la politique mais aussi l’avenir du pays exhorte Dr Mohamed Hady Barry du RPG: « ce serait vraiment regrettable parce que s’il n’y a pas d’entente le pays sera dans une situation très difficile, le peuple se trouverait encore dans une situation plus difficile et l’impact sera forcément négatif. Je pense qu’il n’y aura pas de gagnant dans ça ni du côté du pouvoir ni de l’opposition. Il est important que les différents acteurs se remettent autour de la table pour discuter de l’avenir de la Guinée sans contrainte ni parti pris et que le débat démocratique se passe comme il se doit pour que nous puissions nous atteler à l’essentiel afin que les guinéens puissent vivre décemment et en paix chez eux. »
Si la nécessité d’une alternance pacifique ou la transmission démocratique du pouvoir en 2020 trotte l’esprit de certains citoyens, d’autres s’accordent sur la nécessité de faire le bilan des 61 ans de gestion politique du pays afin d’asseoir de nouvelles bases lui permettant d’amorcer son développement dans la paix.
Hadjiratou Bah
Une initiative de Search for Common Ground en collaboration avec le NDI (National Démocratic Institute) sur financement de l’USAID.