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La CONAREG (Coalition nationale d’appui à la réconciliation en Guinée) a tenu ce 26 février 2020 à l’OGDH une table ronde en faveur des OSC pour lancer des messages de paix en prélude au double scrutin de ce dimanche. Les orateurs ont aussi exhorté les médias à éviter de relayer les propos incendiaires de certaines personnes afin de préserver la quietude sociale. Ils ont aussi invité l’État à respecter la loi et agir contre l’impunité.
A la veille du double scrutin législatif et référendaire du premier mars prochain la CONAREG constate une situation hautement conflictogene. Le but donc de cette table ronde (qui se tient également dans les 4 régions naturelles) est d’amener les acteurs à adresser des messages de paix, de non violence, de tolérance, de concorde et de cohésion, afin de sortir de ces élections avec zéro morts, zéro blessés et zéro dégâts matériels, explique le chargé de communication de la CONAREG Chaikou Baldé : »notre préoccupation fondamentale est la prévention de la violence et la réconciliation de tous les guinéens. Ces élections du 1er mars constituent un enjeu fondamental pour notre pays. Nous nous sommes dits face à tout ce que nous connaissons comme controverses, oppositions par rapport à la nouvelle constitution; face à tout ce que nous avons connu depuis le 14 octobre 2019 comme violences et violations des droits Humains nous nous sommes dits que nous ne pouvons pas rester les bras croisés ».
Ibrahima Aminata Diallo du PJDD (Plateforme des jeunes pour la démocratie et le développement) a d’abord fait la rétrospective des réalités qu’ils vivent dans leur zone à Conakry avant de lancer son message de paix: « depuis plusieurs années nous vivons dans une zone dont souvent les gens sont victimes d’une expédition punitive qui ne dit pas son nom. Une zone où ya beaucoup de frustrés par rapport aux violations des droits de l’homme. La paix n’est pas un silence forcé. Cette paix que nous réclamons est un long processus qui se construit. Nous voulons l’alternance démocratique et pour cela il faut le respecter de la constitution de 2010. On dit souvent que la Guinée est une famille mais si une partie se sent victime plus que d’autres membres il y aura toujours un problème. J’invite tous les guinéens a privilégier le dialogue, le respect de la loi et cette solidarité entre voisinage. Généralement, le problème n’est pas entre voisins, éthique ou d’appartenance politique mais dès que ya élection en Guinée ya problème ».
De son côté, Mountaga Baldé de COC-Paix (Cadre d’orientation et de concertation pour la paix) souligne que la crise actuelle est à la fois politique économique et sociale :« depuis l’indépendance jusqu’à ce jour la Guinée se cherche pour parvenir à un Etat de droit. Aujourd’hui le peuple est divisé sous l’effet de la politique, de l’extrême pauvreté; le chômage bat son plein. Les services sociaux de base sont dans un état de précarité. A tous les niveaux ya des problèmes qui pointent et tout est prioritaire…il faut une nouvelle feuille de route qui servira de repère et un sursaut national collectif. le jour du scrutin j’invite les forces de défense et de sécurité à ne pas tirer sur les citoyens quoi qu’il arrive. Ils n’ont qu’à passer par d’autres voies comme ils l’ont appris au cours de leurs formations. Aux citoyens, celui qui ne veut pas voter est libre mais il ne doit pas empêcher un autre de le faire. La dignité de l’homme réside dans sa manière de penser et d’agir « .
Alseny Sall de l’OGDH (organisation guinéenne des droits de l’homme) insiste sur l’application de la justice qui selon lui est l’un des piliers essentiel de la paix: « la situation de la justice chez nous pose beaucoup de problèmes. la plupart des conflits enregistrées résultent des violations des droits de l’homme, et l’impunité est garantie aux auteurs de ces violation. En plus, généralement les accords signés entre les parties prenantes ne sont jamais respectés » plus loin il déplore le déploiement prévu de l’armée du 27 février au 3 mars 2020 contrairement à la loi sur le maintien d’ordre : « c’est la police et la gendarmerie qui sont concernées par le maintien d’ordre. C’est lorsque nous tombons dans une situation d’exception que l’armée peut intervenir après que le chef de l’état ait selon l’article 90 de la constitution déclaré l’état de siège ou d’urgence sur une partie ou l’ensemble du territoire où la paix et la sécurité sont menacés. Depuis 2010 nous organisons des élections, pourquoi c’est cette année que l’armée est déployée pour mener des patrouilles alors qu’il ya une unité spéciale dédiée à la sécurisation du procesus électoral? «
Les orateurs ont interpellé les journalistes par rapport à leurs responsabilités en cette période sensible en sachant à qui donner la parole à l’antenne. Ils déplorent que bon nombre de sites et autres réseaux sociaux servent à relayer des messages de haines et d’appels à la violence provenants de hautes personnalités du pays. Les femmes ont aussi été invitées à s’impliquer dans le maintien de la paix à travers le respect de la loi.
HADJIRATOU BAH