Les côtes tunisiennes revêtent une importance capitale pour les populations de tortues marines de toute la Méditerranée, selon le WWF.
Tunis (dpa) – En 2020, la protection des tortues marines en Tunisie, fera l’objet d’une campagne de sensibilisation qui concernera 9 régions côtières de ce pays du sud de la Méditerranée. Cette action est initiée par 15 associations de la société civile, en collaboration avec le bureau du « Fonds mondial pour la nature » (WWF), en Afrique du Nord. En décembre 2019, ce bureau a lancé un programme de communication sur la conservation des tortues marines en Tunisie.
« L’objectif est zéro commercialisation et zéro consommation » de tortue marine en Tunisie, a indiqué à la dpa, Wassim Amdrous, coordinateur du programme de communication. En effet, certaines habitudes de consommation de chaire de tortue marine, existent toujours en Tunisie, en particulier dans les îles de « Kerkennah » (Est). « Il faut atteindre un état de conservation favorable des espèces de tortues marines, en Méditerranée, avec une protection accrue en Tunisie, du fait de sa position géographique stratégique et en tant qu’habitat pour ces espèces», a noté Wassim Amdrous.
Selon le WWF, les côtes tunisiennes, principalement le golfe de Gabès (Sud), revêtent une importance capitale pour les populations de tortues marines de toute la Méditerranée. Cependant, ces espèces se trouvent de plus en plus menacées par la pollution marine, la pêche accidentelle et certaines habitudes alimentaires. Leur existence est pourtant vitale pour la santé des océans, parce qu’elles régulent les écosystèmes marins et côtiers et grâce à elles, les zones marines sont naturellement nettoyées, d’après le WWF.
Captures accidentelles et pollution
En dépit de l’existence de textes réglementaires interdisant la capture, le colportage et le commerce des tortues marines en Tunisie, cette espèce n’est toujours pas à l’abri des menaces de commerce illégal et surtout de captures accidentelles. Au golfe de Gabès, ces captures sont estimées à 5500 tortues par an, d’après « l’institut national des sciences et technologies de la mer » (INSTM).
Il s’agit d’un « chiffre très élevé, le plus important en Méditerranée pour la pêche au chalut benthique », a déploré cette institution scientifique publique. Le golfe de Gabès est une aire d’alimentation et d’hivernage de la tortue « Caretta Caretta ». Mais cette région est polluée par le « phosphogypse », un déchet toxique causé par le traitement industriel du phosphate, effectué par le «Groupe Chimique Tunisien» (GCT).
D’après le WWF, cette pollution pèse sur les tortues notamment de type « Caouannes ». Les polluants chimiques comme les métaux lourds sont aussi de réelles menaces pour les tortues marines en Tunisie, car, ils s’accumulent dans leur foie, rein ou muscles, selon la même source. « Il est facile de constater le nombre de tortues mortes, échouées sur les plages de Gabès », a deploré le WWF. Une autre cause de mortalité des tortues marines en Tunisie, la « pollution lumineuse » surtout sur les plages de ponte proches des zones urbanisées.
Dans ces zones, les nouveau-nés qui émergent sur la plage sont attirés par la lumière de la route et finissent par être écrasés par les voitures. Depuis 2004, la Tunisie dispose d’un « centre de soins et de réhabilitation des tortues marines » dont les principales activités s’inscrivent dans le cadre du « laboratoire de biodiversité marine » de l’INSTM. Ce centre assure le secours des tortues marines en difficulté. Il accueille les tortues blessées et affaiblies, trouvées suite à une capture accidentelle par les pêcheurs, ou échouées vivantes ou mortes sur les plages ou encore saisies et braconnées. Une fois rétablies, les tortues seront relâchées en mer.