Le réchauffement climatique continue de produire des effets dans le monde et particulièrement dans les pays africains. Pour faire face au phénomène, les dirigeants du monde ont adopté en 2015 l’accord de paris, un accord qui prévoit des solutions en faveur des pays en développement comme « l’adaptation et l’atténuation ».
Justement pour parler du fonds d’adaptation et des financements obtenus par l’Afrique à travers un fonds dénommé « fonds vert climat », nous avons rencontré Diethié Soumare N’DIAYE, Conseiller climat auprès de la CEDEAO. Selon M. N’DIAYE, contrairement à ce qu’on peut penser, les pays africains arrivent à décrocher les fonds, bien que beaucoup estiment, que tout est fait pour ne pas que les pays en développement justement puissent obtenir ce fonds. Ce à cause des critères et conditionnalités pas toujours aisés.
- N’diaye, vous étiez parmi les qpanélistes autour du thème « FLUX FINANCIERS CLIMAT VERS LA ZONE CEDEAO-CILSS-UEMOA ». De quoi il a été question ?
Merci pour cette opportunité. Comme vous l’avez dit j’étais autour de la table avec d’autres panélistes, pour parler du « FLUX FINANCIERS CLIMAT VERS LA ZONE CEDEAO-CILSS-UEMOA ».
Je dois faire remarquer que le financement climatique reste un élément incontournable pour la réalisation d’un développement résilient aux changements climatiques et sobre en carbone. L’Accord de Paris dont il est question, vise entre autres, à rendre les flux financiers plus compatibles avec cette transition (Article 2.1(c) de l’Accord). La Décision adoptant l’AP souligne l’ambition de mobiliser 100 Mds de $/an d’ici à 2020 pour le climat en faveur des pays en développement, jusqu’en 2025.
Alors au cours de ce panel, nous avons passé en revue les flux des financements climats en direction de l’Afrique de l’ouest plus la Mauritanie et le Tchad depuis 2003. Voir quels sont les instruments financiers utilisés, analyser les flux directs de financement, voir quels sont les pays qui captent le plus de financement. Nous avons également discuté des fonds multilatéraux, et du fonds vert sur le climat, mis en place pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement climatique.
S’agissant des financements, il faut dire qu’il y’a environ 1377 Mns $, de 2003 à 2018 mobilisés comme (financements pays). Ces fonds sont repartis comme suit, 55% adaptation, 40% atténuation et 5% autres domaines multiples.
On parle régulièrement, des projets liés à l’atténuation et à l’atténuation. Déjà qu’est-ce que s’est ? Comment définissez-vous ces termes ?
Alors pour parler plus simplement pour une large compréhension, il faut retenir que lorsqu’on parle d’adaptation, ce sont des méthodes qui répondent à comment aider les groupes vulnérables qui subissent le plus durement les effets du réchauffement climatique à faire face, et à vivre avec les effets du phénomène, à vivre avec des moyens de subsistance durable.
Un exemple, lorsque vous prenez des agriculteurs qui sont dans des zones de sécheresse, ou de salinité, qui subissent les effets, l’atténuation dans ce cas précis, c’est de les aider à développer des aptitudes, des moyens de développer leurs activités en dépit du phénomène, et donc vivre avec.
L’atténuation, c’est le fait pour les pays en général et en développement en particulier, de développer des efforts pour baisser les effets du réchauffement climatique. Je m’en vais citer par exemple, les projets énergétiques. Au lieu de mettre en place des centrales à charbon, de fossiles, par exemple, on met en place des centrales solaires. C’est le cas également des barrages hydro-électriques, comme c’est le cas en Guinée, ou encore des projets de reboisement par exemple. En reboisant, vous le savez, les arbres séquestrent le CO2, responsable en grande partie du changement climatique.
Beaucoup estiment que l’Afrique n’arrive pas à décrocher les fonds dédiés au climat notamment ceux du fonds vert climat, ce que vous ne partagez pas ?
Non pas du tout, les fonds sont disponibles, et des pays africains de la sous-région ouest-africaine, accèdent à ces fonds, en dépit de tout ce que l’on peut penser.
Certes ils sont insuffisants, mais les ressources existent et sont en augmentation constante, ce qui est à saluer. La région de l’Afrique de l’Ouest y accède, mais avec des disparités importantes et un paradoxe.
Par ailleurs, il faut reconnaitre que les pays africains ont du mal à capter les fonds existants, et au lieu de se focaliser sur comment décrocher ces fonds, on perd du temps à discuter sur les fonds qui n’existent pas encore. Il faut aussi reconnaitre qu’il y’a un problème de capacités, de formation à résoudre. Il ne s’agit pas simplement d’écrire à l’institution, mais de pouvoir monter un projet bancable qui puisse remplir les conditions d’accès au fonds. Dans ce cadre je vous dirai que ces pays peuvent accéder jusqu’à 1. 500 000 dollars pour renforcer les capacités de ces pays et les préparer justement à accéder à ces fonds.
Dite-nous quels sont les pays qui ont eu accès au fonds vert climat aujourd’hui ?
Comme je disais tantôt, de nombreux pays ont pu avoir des fonds. Il y’a le Niger, le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal qui a eu plusieurs fonds pour financer les projets d’adaptation et d’atténuation.
Vous avez aussi reconnu qu’il y’a un besoin de renforcement de capacités au niveau des pays africains, que faites-vous pour aider justement ces pays à posséder ces compétences nécessaires à la mobilisation de ces fonds ?
Essentiellement du renforcement de capacités, il y’a déjà plusieurs pays africains qui ont bénéficié de ces formations.
Au niveau de la CEDEAO, il y’a le renforcement des capacités en ce qui concerne la mobilisation de financements, la formation des négociateurs nationaux. Nous mettons en place un pole d’expertise aussi, pour renforcer les capacités de ces pays à accéder à ces fonds, et particulièrement en ce qui concerne l’adaptation qui est la priorité des pays africains, sans occulter l’atténuation.
Un entretien réalisé à Madrid par Idiatou CAMARA