Le dessalement de l’eau de mer est une technique onéreuse mais souvent perçu comme ultime recours pour pallier la pénurie d’eau. De plus en plus de stations voient le jour dans les pays africains, dont 38 sont des États côtiers.
Tunis (dpa) – Confrontés à une raréfaction des ressources d’eau de surface et souterraines, plusieurs pays africains optent pour le dessalement de l’eau de mer pour fournir l’eau potable à la population. Ces dernières années, la tendance en faveur du dessalement a été remarquable en Afrique, a déclaré à la dpa Raoudha Gafrej, universitaire tunisienne et experte dans le domaine des ressources en eau et d’adaptation aux changements climatiques. 38 sur les 55 pays que compte le continent sont des États côtiers.
Bien qu’il soit coûteux, le dessalement de l’eau de mer est souvent perçu comme ultime recours pour pallier la pénurie d’eau, notamment en Afrique du Nord, une zone très aride, a noté l’universitaire. « Avant d’aller vers le dessalement et avant de produire une nouvelle eau, il faut rénover et réhabiliter l’infrastructure, les canalisations et les ouvrages hydrauliques existants et bien gérer et contrôler les ressources disponibles pour économiser de l’eau et empêcher les pertes et le gaspillage », a-t-elle recommandé.
En Tunisie, par exemple, le coût de dessalement d’un mètre cube d’eau de mer est estimé à trois dinars (environ un euro). « 60 pour cent du coût de production de cette eau non conventionnelle sont réservés à l’énergie. Une fois dessalée, l’eau doit être mélangée avec de l’eau conventionnelle, ce qui rend toute la technique très onéreuse », a souligné Raoudha Gafrej.
L’Algérie, pays pionnier
En Afrique du Nord, l’Algérie, le plus grand pays du continent par sa superficie de plus de deux millions de kilomètres carrés, est pionnière dans le domaine. Avec ses onze stations de dessalement, le pays produit 770 millions de mètre cubes d’eau potable par an, permettant ainsi de couvrir les besoins de plus de sept millions d’habitants, a annoncé en mars 2020 le ministre algérien des Ressources en eau, Arezki Berraki.
La production d’eau désalinisée contribue à hauteur de 17 pour cent à l’approvisionnement en eau potable, en Algérie, a-t-il précisé. D’ici 2030, le pays prévoit la réalisation de nouvelles stations de dessalement d’eau de mer pour couvrir les besoins des villes côtières et les villes intérieures situées à 100 km des côtes.
En 2018, la Tunisie s’est dotée de sa première station de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 50 mille mètres cubes par jour (m3/jour), extensible à 75 mille. Située sur l’île touristique de Djerba (sud-est), cette station a été financée par un prêt de 60 millions d’euros, contracté auprès de la Banque allemande de développement (KFW), a appris la dpa auprès du gouvernement tunisien.
Un marché en développement
Depuis 2015, les pays d’Afrique de l’Ouest se sont tournés, eux aussi, vers le dessalement. Le Ghana a été le premier pays de la sous-région à inaugurer, en 2015, dans la capitale Accra, une usine d’une capacité de 60 mille m3/jour.
Le Sénégal vient d’annoncer, pour 2020, une unité de 50.000 m3/jour (extensible à 100.000 m3/jour), financée par la coopération japonaise. Ce projet prévoit la construction, à Dakar, d’une usine de dessalement d’eau de mer, la première en son genre au pays, ainsi que l’amélioration du réseau de canalisations urbaines.
Le marché du dessalement devrait encore se développer au cours des prochaines années en parallèle avec le développement des systèmes solaires indépendants et hors-réseau (Off-the-grid).
Récemment, Phaesun, un fournisseur allemand de solutions pour les systèmes d’alimentation électrique autonomes, a installé deux petits systèmes de dessalement d’eau, alimentés à l’énergie solaire à Ndedo, un village de la communauté Massaï en Tanzanie, selon le site pv Europe. Ces petites installations fournissent deux mètres cubes d’eau potable par jour aux populations locales.