La Guinée a connu une première expérience de l’enseignement bilingue de 1968 à 1984. Pour de nombreux guinéens, cette expérience n’a pas donné des résultats concluants à cause de la mauvaise préparation, de la généralisation hâtive bref, de la non réalisation des études de faisabilité. Les conséquences de l’échec de cette expérience subsistent encore dans la mentalité de bon nombre de guinéens qui ont encore du mal à accepter le retour de l’enseignement des langues nationales dans les écoles.
Cependant, après tous les efforts consentis par le gouvernement et ses partenaires depuis 1985 à travers les programmes et les projets, le niveau de maitrise de la langue d’enseignement qu’est le français par les élèves laisse encore à désirer. Les résultats aux examens nationaux l’attestent. En 2020 à titre d’exemple, en plus d’un nombre important de copies illisibles de candidats au BAC, le taux de réussite était de 44,43%. Il ressort de ce constat que la non maîtrise de la langue d’enseignement qu’est le français serait l’une des raisons de cet échec. Cela montre que l’utilisation de la langue française à elle seule ne peut plus prétendre assurer efficacement le processus d’enseignement-apprentissage des élèves dans nos écoles.
De ce qui précède, à l’instar de onze autres pays francophones de l’Afrique, le Gouvernement guinéen avec l’accompagnement de ses partenaires s’est engagé dans la mise en œuvre de l’Initiative « Ecole et Langues Nationales en Afrique » (Elan-Afrique).
L’approche ELAN-Afrique est une innovation qui met en valeur la pratique d’un enseignement bilingue de la langue maternelle ou la langue du milieu et du français. Avec cette approche, les premiers apprentissages sont dispensés aux apprenants dans leur langue maternelle ou dans la langue du milieu. Le français est graduellement introduit comme moyen d’instruction finale et la langue maternelle ou langue du milieu enseignée comme discipline pour fortifier leurs acquis linguistiques. C’est sur ce socle que va se construire, sans étouffer l’élève, l’acquisition progressive d’autres langues.
Les écoles qui abritent la phase expérimentale du le Projet ont montré leur mérite. Les élèves de ces écoles sont capables de lire, d’écrire et de compter depuis les premiers mois de leur scolarité. En trois ans d’existence, le projet ELAN est mis en œuvre dans dix (10) écoles primaires de la Préfecture de Kindia et compte aujourd’hui trente (30) classes. Il a permis de rehausser de manière significative les effectifs des élèves au CP1 et plus particulièrement pour les filles. Au CP1 par exemple, on est passé de 331 élèves en 2019 dont 177 filles à 460 en 2020 dont 238 filles.
Il faut rappeler que, dans cette initiative, la Guinée n’est pas seule. Elle a rejoint en 2015 des pays comme le Benin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Madagascar, le Mali, le Niger, la RD Congo, le Sénégal et le Togo.
Avec l’enseignement bilingue, les élèves comprennent aisément le contenu enseigné dans la langue de leur milieu.
Soutenir l’enseignement de la langue nationale dans nos écoles, c’est aider les enfants à réussir dans leur scolarité.