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Le 22 décembre 2020 prendra fin le second et dernier mandat de l’actuel président guinéen, Alpha Condé. A sept mois de cette date, le pays est confronté à la pandémie de la COVID-19 comme le reste de la planète. La Guinée est considérée troisième pays africain le plus affecté. En deux mois (12 mars au 28 Mai) 3553 personnes ont contracté la maladie dont 22 décès selon l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS). Les activités de tous les secteurs sont chamboulées y compris la politique. D’où la question, si la COVID-19 persistait quel serait son impact sur le processus électoral ?
Pour Dr Alhassane Makanera Kake professeur de droit et des finances publiques, la réponse peut-être de deux ordres: « si nous tenons compte de l’approche comparative comme le fait souvent le guinéen moyen, on dira l’épidémie COVID-19 n’a pas empêché les législatives de se tenir donc la présidentielle ne peut pas être repoussée. Deuxième, l’approche rationnelle, si la pandémie persiste nos finances publiques vont prendre un coup sérieux, l’économie va connaître un ralentissement extraordinaire, le déficit va s’écrire de façon incroyable. Ceci étant le gouvernement aurait les difficultés à mobiliser même le budget électoral. Or qui dit élection dit budget. »
Outre le problème financier, l’inexistence de dialogue politique et l’aspect sécuritaire sont aussi des freins à ce procesus électoral renchérit Dr Alhassane Makanera Kake: « Comment voudriez vous que les acteurs politiques acceptent qu’on reporte des élections? Constitutionnellement le mandat du président s’arrête le 22 décembre. Après cette date la plupart des politiciens vont réclamer une transition. Voici l’impact politique. Autre hypothèse, la sécurité serait vraiment menacée, l’instabilité avec son cortège de malheurs qu’on commence à voir. Techniquement, le fichier électoral que nous avons n’a pas été accepté par les partenaires (l’union européenne, l’union africaine, la CEDEAO) et a été rejeté par les principaux partis politiques. Si on veut organiser une élection présidentielle pour régler les problèmes ça ne sera pas en décembre 2020. Pour assainir un fichier vous n’avez pas moins de six mois. Si on veut vraiment une élection propre, un fichier honnête, fiable, tout le processus aura besoin de douze mois. »
Un avis que partage Habib un citoyen de la haute banlieue de Conakry friand de politique: « Si le scrutin ne se tient pas à la date indiquée, je pense bien qu’il sera en faveur de l’opposition qui aura le temps de mettre la pression sur le pouvoir pour obtenir un certain nombre de points de transparence. Dans le cas contraire, le temps qui nous reste est insuffisant pour assainir le fichier électoral, redéfinir le découpage électoral, faire un nouveau recensement, être dans le délai des campagnes. Je pense que le temps ne joue pas en faveur de la tenue d’un scrutin accepté et transparent à la fin de cette année sauf par miracle. »
De son côté tout en comptant sur le respect de la constitution, Aliou Condé membre de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) explique que ce parti influent de l’opposition, est pour l’heure en concertation pour savoir quelle démarche suivre, donc ne pouvant se prononcer sur le sujet. Par contre Mohamed Hady Barry membre du bureau politique RPG (Rassemblement du Peuple de Guinée) parti au pouvoir, pense plutôt qu’il est plus important de se focaliser sur la pandémie actuelle: »avant de parler politique il faut sauver la vie d’abord. C’est mon souhait que cette maladie finisse dans quelques jours ou semaines pour qu’on aille à ces élections. Mais à l’allure où vont les choses je crois qu’il n’est pas possible d’organiser une élection. »
Installé le 26 mai 2020 dans ses fonctions, Kabinet Cissé le président de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) affirme avoir deux principaux objectifs. Il s’agit de la réconciliation à l’interne entre les commissaires ainsi que la réconciliation entre la CENI et les acteurs du processus électoral d’une part, l’organisation de la présidentielle de l’autre.
Hadjiratou Bah
Une initiative de Search for Common Ground en collaboration avec le NDI (National Démocratic Institute) sur financement de l’USAID.