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L’ apparition du Coronavirus en Guinée en Mars dernier a fortement affecté le secteur agricole notamment la commercialisation de la pomme de terre. Près de six mille tonnes sont aujourd’hui stockées par manque d’écoulement suite à la fermeture des frontières pour lutter contre la pandémie. Endettée à hauteur de 26 milliards auprès des banques pour la production de ces tubercules, la Fédération des producteurs de pomme de terre du Fouta Djallon a besoin d’aide de la part de l’Etat et ses partenaires. Le président de cette fédération Moussa Para Diallo résident à Timbi Madina (Pita) est joint au téléphone par Hadjiratou Bah.
bonsoir Mr Diallo.
Depuis l’apparition du COVID-19 toutes les activités sont au ralenti, aujourd’hui quelle est la situation de la production et commercialisation de la pomme de terre au Fouta?
Au jour d’aujourd’hui nous avons aux alentours de 6.000 tonnes récoltées non commercialisées et nous avons encore de la pomme de terre dans les champs. Comme vous le savez le COVID-19 a perturbé tous les schémas qu’on avait mis en place pour commercialiser à la fois en Guinée, en Sierra Leone, au Sénégal et en Gambie. Comme l’ont stipulé différentes adresses à la nation de différents chefs d’État les frontières terrestres sont fermées et donc on ne peu pas beaucoup circuler. Aujourd’hui c’est catastrophique.
D’ailleurs on a écrit à notre gouvernement pour l’alerter sur ce sujet.
Pourquoi ne pas reverser cette production sur le territoir national pour le moment ?
Oui on essaie de le faire mais les marchés sont restreints et ya pas beaucoup de circulation. On essaye de satisfaire notament le marché de Conakry et certains de la basse Guinée jusqu’en moyenne Guinée et un tout petit peu pour la haute Guinée. La vente dans les marchés c’est autre chose. C’est aux alentours de 2000 personnes notamment des femmes qui commercialisent le maraîchage pour ce qui est du Fouta. Et dire tu vas aller à Conakry moi je vais rester à l’intérieur, tu vas vendre pour moi et je vais vendre pour nous, ici, ça ne marche pas, on n’est pas habitués à ça.
Les marchés hebdomadaires fonctionnant ils actuellement ?
Les marchés hebdomadaires fonctionnent très peu. Cest juste pour la localité pour permettre aux gens d’acheter les condiments en ce mois de Ramadan. Celui qui fini ses achats rentre automatiquement chez lui.
La production nécessite des investissements, avez vous contracté des emprunts à la banque?
Nous avons emprunté aux alentours de 25 à 26 milliards de francs guinéens à la societe générale des banques et à la Bicigui pour pouvoir produire. Maintenant il faut rembourser. C’est pourquoi nous avons écrit au gouvernement mais pour le moment il n’ya pas eut de réaction.
Qu’envisage la fédération à son niveau pour faire face à tous ces problèmes?
Outre notre courrier à l’État notre premier partenaire, nous pensons aussi nous adresser à nos differents partenaires financiers notament la coopération belge française, l’union européenne, les américains, la BID, le FIDA, la CNOPG et puis l’Europe soit pour faire le lobby auprès de l’état où autres partenaires pour nous assister afin que nous puissions nous sortir de ce bourbier.
A combien se chiffrent les pertes aujourd’hui ?
Oh sans compter ce qui est encore dans les champs non récoltés et les maisons des gens au pif comme ça on peu estimer à mille fois 4.300 tonnes.
Au cours des années antérieures le gouvernement avait promis d’implanter dans votre localité une usine de transformation de pomme de terre en chips est ce devenu une réalité ?
Pas pour le moment mais bon peut-être ça va venir un jour.
Une telle infrastructure aurait permis actuellement d’atténuer cette perte de pomme de terre ?
On pense que oui mais pour le moment ce n’est pas le cas.
Artisanalement aucune transformation n’est possible en attendant?
Ce n’est pas le jour de la battue qu’on dresse son chien. Aujourd’hui avec la pomme de terre dans les mains on a que les yeux pour pleurer mais on ne va pas se laisser abattre. On ne peut pas trouver tout de suite une chipserie qui pourrait traiter au moins 2000 tonnes car ce genre de boulot ne peut se faire en un laps de temps. Pour une chipserie il faut une étude, il faut une installation, le courant électrique, un savoir-faire etc, mais on prend note pour le futur. Déjà cette campagne de commercialisation est complètement perturbée, ensuite pour le futur de la production on va continuer à se battre. On a contacté nos banques créancières et l’AFD promet de nous aider pour qu’on continue à emprunter parce que ce problème est indépendant de notre volonté.
Mais il ne s’agit pas seulement d’emprunter il faut aussi pouvoir rembourser ?
Vu la solvabilité de la fédération qui depuis 20 ans rembourse ses emprunts je pense que les banques vont bien étudier le dossier.
S’agissant du COVID-19 est-ce que les gestes barrières sont respectés à
Timbi Madina ?
Oui c’est respecté, on se lave les mains. Il faut d’ailleurs insister auprès des radios pour qu’elles continuent de sensibiliser dans ce sens. Devant chaque concession et l’administration il ya des kits de lavage des mains et de petites bassines pour le lavage des pieds. Ici il n’y a ni prières collectives ni attroupements. Même pour les baptêmes c’est au maximum dix personnes.
Quel est votre cri de cœur aujourd’hui ?
Je demande à tout le monde de se lever comme un seul homme pour mettre le COVID-19 hors du pays et soutenir les agents de santé à travers par exemple des formations adéquates. Il faut aussi soutenir les producteurs pour qu’ils continuent de produire et qu’on puisse manger correctement dans notre pays, parce que quand tu vous aujourd’hui ce qui se passe en Europe occidentale, en Amérique, en Asie, chacun ferme le marché, si on a de quoi manger on ne va pas s’inquiéter on va peut-être soutenir les pays voisins et continuer le reste. On va non seulement consommer local mais surtout quelque chose de propre meilleur aux produits importés.