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Les jeunes sont de plus en plus attirés par l’entrepreunariat. C’est le cas de Aliou Doukouré qui s’est lancé dans le recyclage des déchets plastiques notamment les pneus usés et la cordonnerie moderne. Doukouré a formé une centaine de personnes et aujourd’hui il a ouvert un centre artisanal dénommé Guinée Art Afrique à Nongo . Son but, partager son expérience aux jeunes mais aussi contribuer à la lutte contre la pollution de l’environnement et le chômage des jeunes en particulier les filles. Une expérience qu’il partage avec laguineenne.info.
Bonjour monsieur Aliou Doukouré. En plus de recycler des déchets plastiques vous faites aussi la cordonnerie. Dites nous comment l’idée de recyclage vous êtes venue?
C’est en 2017 que j’ai commencé à faire le recyclage. Deux ans après avoir fini les études en 2015, mais je faisais aussi la cordonnerie. Je me suis lancé dans le recyclage pour transformer et valoriser les déchets plastiques comme les pneus usés, les sachets d’eau minérale et les plastiques mais aussi lutter contre la pollution de l’environnement. Moi je sais que les déchets plastiques sont de l’or et la plupart des gens ne connaissent pas leur importance c’est pourquoi ils jettent les déchets.
Où avez-vous appris le recyclage ?
Je n’ai pas appris le recyclage. J’ ai fait l’architecture point E à Dakar. Quand j’ai terminé, je me suis lancé dans la fabrication des chaussures, faire le design. Un jour je suis allé dans une école privée à Dakar pour faire la décoration après avoir fini, on m’a aussi montré un espace où y’ avait des balançoires gâtées. C’est là l’idée m’est venue. Je leur ai dit que je peux décorer cet espace avec des pneus, et ça permettra aux enfants de jouer et garder leurs jouets. Sur place j’ai pris des pneus que j’ai peint pour en faire une balançoire. Quand je suis rentré à la maison, j’ai fait des pousses qui servaient non seulement de jouets pour les enfants mais aussi pour garder leurs objets et cela les empêche de sortir. Une semaine après, j’ai commencé à sortir pour ramasser les pneus et les stocker chez moi à Dakar. C’est comme ça que l’aventure à commencée et je fabriquais en même temps les chaussures.
Et qu’est-ce qui vous a poussé à venir en Guinée et en quelle année ?
Mes motivations sont les suivantes: il y’a beaucoup de déchets plastiques en Guinée contrairement au Sénégal. je me suis dit qu’il serait bien d’ implanter mon entreprise ici à Conakry surtout que ma mère est Guinéenne. Et l’autre raison est que pour les fêtes et autres, les Guinéens vont beaucoup à Dakar acheter la marchandise notamment les chaussures pour revendre. Ça me permet aussi de partager mes connaissances en formant d’autres personnes puisque seul je ne pourrai pas tout faire. En 2015 j’étais venu en Guinée étudier le terrain. Après six mois je suis réparti à Dakar. Puisque j’ai eu un peu d’argent avec le recyclage que j’ai commencé en 2017, je suis venu la même année pour cette fois-ci m’ installer.
Avez-vous une source de financement?
Non et vu que je n’avais pas d’argent je faisais parti de l’équipe de nettoyage de rue qui se faisait chaque matin. On nous payait 2.500 Francs CFA par jour et j »y ai fait 1 mois. Le deuxième mois je suis venu au montage de matériels brouettes et pelles et là je prenais 6000 CFA par jour, je suis resté un mois aussi. C’est l’argent là qui ma permis d’avoir mon propre magasin et la matière première pour démarrer mes activités avec 150.000 CFA.
Combien de personnes avez-vous formé de 2017 à nos jours ?
J’ai formé sept femmes dont une ivoirienne, deux maliennes et quatre guinéennes. Je les félicite puisque ce ne sont pas toutes les filles qui acceptent de faire un métier d’homme. Aujourd’hui elles sont toutes entrepreneurs. Pour cette année 2019, j’ai eu deux contrats de formations de cent femmes en entrepreneuriat artisanale avec l’ONG « Oser inover » et le second c’est avec l’ONG Mauritanienne « Rhum Art » où j’ai formé quatre femmes et deux garçons. C’est cet argent qui m’a permis d’acheter la matière première et ouvrir un centre de formation en Guinée ( Guinée Art Afrique).
Pourquoi au début vous n’avez formé que des filles ?
Disons les filles ont beaucoup plus de besoins par rapport aux hommes. Et si elles ne gagnent pas d’argent, très souvent elles se prostituent. Donc c’est une façon de les aider. En plus elles ont beaucoup plus d’opportunités si elles s’adonnent au travail.
Quels sont les critères d’ apprentissage chez vous ?
Au début je ne faisais pas payer les gens. Mais actuellement, vu que je ne suis pas accompagné, j’ai fixé un prix car y ‘a le matériel à payer. L’ inscription est à 200.000 francs guinéens et la mensualité à 100.000. Avec ça ils apprennent le recyclage des déchets, la cordonnerie moderne et la confection des sacs artisanaux avec le textile africain comme les wax, lépi, kendeli. A la sortie ils recevront une attestation. La durée de la formation dépend des mensualités payés. J’ai même inclut les cours d’anglais qui seront donnés par mon ami.
Quelle est la fréquence de la demande depuis que vous avez commencé à faire payer ?
Six personnes se sont inscrites d’abord et pour le moment je n’ai besoin que de dix personnes compte tenu de l’espace et du matériel. Les 100.000 gnf par personne ne peuvent pas couvrir les besoins puisque chaque apprenti peut utiliser trois boites de colle par semaine et la matière première. La boite est à 35.000gnf et c’est moi qui achète puisque je veux partager mon expérience.
Où es ce que vous trouvez la matière première que vous utilisez ?
Il y’a certains matériels qu’on peut trouver ici comme les papiers cartons qu’on utilise pour les sacs, les similiquises, les colles et autres. Pour les cuirs tanés pour la confection des sacs, chaussures (souliers, moucasins) facilent à manoiller, il me faut aller à Dakar puisque on ne peut pas le faire avec les cuirs d’ici. En plus il faut moderniser les choses c’est pourquoi d’ ailleurs les Guinéens vont au Sénégal pour acheter ce genre de marchandise. Y’a aussi des crêpes (gommes) qui coûtent moins chers au Sénégal qu’on utilise pour les chaussures et en Guinée c’est à 250.000 francs. Mon ambition est d’agrandir ma place.
Nous sommes au terme de cette interview, votre appel à l’ endroit des jeunes surtout
Je leur dirai de faire quelque chose, d’ apprendre un métier. Je fais le thé débat avec les jeunes et dans nos causeries, je vois que la plupart d’entre eu veulent voyager avec l’argent de leurs parents ou de quelqu’un d’autre. Donc je profite de ça pour les sensibiliser en leur demandant de s’investir ici car ils ont toutes les possibilités pour réussir dans leur pays et vivre dignement à travers l’argent qu’ils comptaient financer pour le voyage.
Maïmouna Bangoura